Love is... Infinite

Love Is… Infinite est le premier album de Gypsy Mitchell, artiste soul de Dallas au Texas. Né en 1952, Gypsy a cofondé en 1970 le mythique groupe de gospel funk The Relatives (Heavy Light / Daptone), puis il a passé les décennies suivantes sur le Chitlin' Circuit à jouer de la guitare aux côtés de titans du R&B et du funk comme Buddy Ace, Johnnie Taylor, The Bar-Kays et Joe Simon.

Le chant brut de Gypsy évoque Bobby Womack et Darondo, sa guitare Nile Rodgers et Ernie Isley, pourtant il ne s'agit pas ici d'un numéro rétro réchauffé mais bien de dix chansons soul du 30e siècle, profondément personnelles, d'un artiste texan authentique qui parvient à mêler le plus naturellement du monde des sons vintage, modernes et interstellaires.

Sur le morceau d'ouverture "Movin' (Down The Highway)", Gypsy raconte l'histoire de ses débuts musicaux et célèbre son retour à la fois en studio et sur la route au son de sa guitare rythmique incroyablement funky. "How Do U Feel?" est un titre soul très doux à la mélodie entêtante qui porte le message qu'un sourire peut changer le monde. Des percussions harmonieuses, des guitares héroïques planantes et un jeu d'appel et réponse au talkbox y évoquent la rencontre entre Donny Hathaway et Zapp."I'm Still Standing" est une tranche de soul mid-tempo inspirée des années 70 dans la tradition d'Isaac Hayes et Funkadelic qui raconte l'histoire de la résilience et de la persévérance de Gypsy en tant que musicien et en tant qu'homme. On y trouve un couplet enflammé de la légende rap de Houston Paul Wall. Morceau également remarquable, "It… What or Why?" comprend des contributions d'orgue d'Archie Turner de Hi Rhythm enregistrées par Scott Bomar chez Sam Phillips Recording à Memphis, ainsi qu'un arrangement cinématographique de cordes de Pete Lanctot (Aaron Frazer, Durand Jones & the Indications). La seconde moitié du disque évoque le jazz spirituel ("Don't It Make You Feel Good") et les meilleures chansons narrées par Lou Rawls ("Fruit Don't Fall Far From the Tree"). Prêt pour la radio, "Drive By" montre la maîtrise de Gypsy dans l'art perdu de la guitare talkbox sur un groove sale à la Jimi Hendrix au Fillmore East. Clôturant l'album, "If I Had My Way" est une chanson originale avec un titre familier pour les fans de gospel, dans laquelle on retrouve un Gypsy des plus décontractés montrant son accordage unique de guitare acoustique. Pour les fans de Ted Hawkins et Johnnie Frierson ; imaginez Al Green prêtant sa voix au Beggars Banquet.

Produit avec amour par Zach Ernst et Matthew Strmiska (Black Joe Lewis & the Honeybears), Love Is… Infinite est un disque raffiné et typiquement texan qui brouille les frontières entre la soul vintage et les sons psyché et breakbeat contemporains. Malgré tout, la grâce de l'album repose avant tout sur le génial songwriting et le savoir musical d'un Gypsy Mitchell dépourvu de cynisme et de calcul qui dit juste ce qu'il a à dire.