Femi Odugbemi, réalisateur Nigérian : "Nos gouvernements doivent jeter un nouveau regard sur les salles de cinéma abandonnées"

Le cinéma nigérian est aujourd'hui d'une certaine respectabilité en Afrique et sous d'autres cieux. Les expériences qu'il a engrangées donnent matière à réflexion aux autres cinémas en chantier ou qui veulent raviver un passé glorieux. L'un de ses illustres représentants, le réalisateur, scénariste et initiateur du Festival international de film documentaire (Irep), Femi Odugbemi, partage, dans cet entretien, son expérience et celle de son pays et porte un regard sur le cinéma africain. L'ancien président de l'Association des producteurs indépendants de télévision du Nigeria a séjourné à Dakar dans le cadre de la présélection panafricaine du Festival de film documentaire "L'arbre d'or" que Gorée Cinéma a abrité (19 au 21 août).

Comment le cinéma nigérian est-il parvenu à s'imposer comme une référence en Afrique ?
Le moteur du cinéma nigérian, c'est le public. Dans les années 1990, il n'y avait pas de salles de cinéma. Le cinéma s'est repris à partir de la vidéo. Les gens avaient accès, chez eux, sur des cd et des dvd, aux productions. Ils se sont approprié les histoires qui s'y racontaient. Le public s'est élargi. Vingt ans plus tard, ce cinéma a pu voyager à travers l'Afrique et s'est fait accepter comme une plateforme de narration. En ce qui a trait à sa qualité, il faut dire qu'elle n'est pas aussi bonne qu'autrefois. Mais cela évolue de manière positive. Le cinéma a su intégrer l'évolution technologique pour en tirer avantage. Par ailleurs, il avait deux atouts que n'avaient ni le cinéma européen ni celui-là américain.

Tout d'abord, il existe une vie après la mort et ce monde spirituel influe sur le monde physique. Le cinéma nigérian y fait souvent référence, d'où une certaine originalité par rapport à ce qui est plus répandu ailleurs. Ce cinéma n'est pas élitiste. Il était populaire. Les premiers à l'adopter, c'étaient les gens qui n'étaient pas allés à l'école et ils étaient plus nombreux. Aussi, ces films étaient accessibles. Aujourd'hui, les comédiens sont mieux outillés et bénéficient d'une notoriété au-delà de nos frontières. Ce qui est intéressant, c'est de constater que ce cinéma populaire commence à effacer les frontières coloniales. Les différences de langue ne constituent plus des obstacles. Et cela est une opportunité à exploiter en termes d'échanges culturels et économiques pour le cinéma africain.

Cela implique des échanges plus fréquents…
Absolument. Il y a un potentiel dans la distribution. Dans une conversation passionnante, je discutais avec Joseph Gaï Ramaka sur l'idée d'amener des films de grande qualité à ceux qui meurent d'envie de les voir, dans les villages, les stades, dans certaines communautés. Les gens viendront. Nous devons nous servir des technologies pour supprimer les barrières de la langue en doublant par exemple, car tout le monde ne sait pas lire. J'ai hâte d'envoyer quelques-uns de mes films au festival Gorée Cinéma. Je fais des efforts pour apprendre à partir de nos rencontres ici, depuis deux jours. Dorénavant, je vais doubler et sous-titrer tous mes films. L'expérience ici me fait comprendre qu'une Afrique unie veut dire aussi un cinéma uni.

Nous diffusons des histoires racontées par les colons. Il faut passer à celles narrées par les Africains pour qu'ils exploitent leurs cultures, leurs littératures, leurs réalités, leurs religions.

LIRE L'INTEGRALITE DE L'ARTICLE sur www.lesoleil.sn/2016-03-22-23-38-25/item/54492-femi-odugbemi-realisateur-nigerian-nos-gouvernements-doivent-jeter-un-nouveau-regard-sur-les-salles-de-cinema-abandonnees.html

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