Dans sa nouvelle création, à découvrir en sélection officielle (le "in"), la chorégraphe dakaroise questionne la place des femmes dans son pays en s'inspirant des tanebeer, ces bals populaires où la danse bouscule l'ordre social et sexuel.
Dans le ciel provençal, le Festival d'Avignon fait briller cet été l'une des étoiles montantes de la danse contemporaine africaine. Après le succès international d'un solo à la précision chirurgicale, Regarde-moi encore, la Sénégalaise Fatou Cissé a investi depuis quelques jours le prestigieux cloître des Carmes. Elle y creuse, avec Le Bal du cercle, sa réflexion sur la condition des femmes dans une Afrique écartelée entre conformisme et désir de modernité. Une première pièce de groupe, pour cinq danseuses et un travesti, qui s'inspire du tanebeer, tradition pratiquée par les femmes dans les quartiers populaires de Dakar. Libérées le temps d'une soirée de leur carcan domestique, les coépouses s'y livrent à des joutes vestimentaires et à des provocations corporelles savamment calculées, faisant de la danse un instrument de pouvoir, un moyen de démontrer leur valeur face à leurs rivales. Un ring autant qu'un bal, donc, "où la fille la plus humble peut être Miss Monde le temps d'un soir et où les femmes défient l'injonction qui leur est faite de cacher leur intimité".