Jonathan Kilando, l’éphémère comme garde-fou de nos désespoirs

Lancement du premier recueil de poésie de Jonathan Kilando, Balade des mots
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© Editions Krist’Art
Mois de Sortie : Novembre 2020
Publié le : 04/11/2020
Source : par Catherine Boudet
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Jonathan Kilando, l'éphémère comme garde-fou de nos désespoirs
 
Une nouvelle voix s'élève du continent africain. Une voix jeune et pleine de la fougue des mots créateurs, celle de Jonathan Kilando, poète congolais originaire de Lumumbashi. « Balade des mots », le premier recueil de ce jeune talent prometteur, vient d'être publié en juin 2020 aux Editions Krist'Art. Son éditeur, Etienne Lunda, lui aussi jeune artiste congolais, a voulu donner sa chance à Jonathan Kilando car il a « du contenu de qualité, selon que son cœur s'y exprime librement, et une forme laissant planer l'abstrait et le beau ».
 
Et nous accompagnons volontiers Jonathan Kilando dans sa « balade des mots », ce jeune auteur africain qui marche « le long du quai philosophique », n'hésitant pas à « bouscule[r] quelques horizons » au passage. « Brisant les chaînes des interdits littéraires » pour courir « jusqu'à la source des eaux sensibles », Jonathan Kilando sculpte le verbe au passage, à grands coups de rime. Comme un griot ou un troubadour, les mots de Jonathan Kilando font passerelle, entre les mondes et entre les sensations :
 
            « Entre ciel et terre, sur ce pont ;
            Je marche sur des mots fantômes »
 
Conscient du caractère fugitif de la vie et des choses, mais ne cherchant pas à le retenir, Jonathan Kilando développe ainsi une poétique de l'éphémère :
 
            « La vie c'est ce moineau
            Qui nous tire çà et là
            Unis par son anneau
            On s'envole hélas ! »
 
            « Et ta peau de cire qui fond,
            Entraînant mes doigts qui vont
            Vouloir te soutenir… »
 
            « Ton absence est un petit point
            Qui rit de moi un peu plus loin »
 
            « J'ai vu la lumière du soleil
            S'évader,
            Tout s'est passé en un clin d'œil
            Décalé... »
 
Face à la fugacité des choses, le poète met aussi en garde contre l'illusion voire l'aliénation des émotions et des sentiments, qui peuvent vite devenir « des sensations sanguinaires, tourment imaginaire »... Surtout pour qui cherche à entrer – ou à se renfermer – dans des dynamiques de contrôle :
 
            « Je t'aime,
            Quelle phrase affreuse,
            Et délicieuse,
            Qui m'enchaîne... »
 
            « Comment mettre des mots
            Sur ce feeling hautain
            Qui s'écrit sur la peau...
            Sur ces ères suffisantes,
            Il nous crache son orgueil,
            Il se croit tout puissant... »
 
            « Il y a ce cocktail de malaises
            Qui sans pitié nous brise les os,
            Nous fait marcher sur de la braise
            Brûlées au rouge du chalumeau »
 
Dans sa sagesse ancienne de jeune poète, il a compris qu'il faut savoir accepter de ne pas toujours avoir le contrôle, que c'est sans doute la condition pour de plus grands dépassements et de plus grandes réalisations, en tout cas pour une fructueuse création :
 
            « Et mon navire qui a perdu le cap,
            J'étais à bord et soudain tout m'échappe »
 
Car au moment où tout lui échappe, c'est là que la ressource créative saisit le poète et le pousse plus loin que lui-même. Cette Balade des mots en une cinquantaine de poèmes, c'est sa façon à lui de désamorcer les extrémismes et les renvoyer à des proportions banales, mais aussi de nous mettre en garde contre les lâchetés ou les faiblesses humaines qui font le lit de ces extrémismes :
 
            « J'ai dit la messe lors des noces du jour et de nuit,
            Pour me moquer de l'extrémisme anodin... »
 
            « J'envoie mes lignes pourvu qu'elles vous glacent,
            Devant l'horreur que tout le monde cache
            Ou ignore à cause du côté lâche
            Qui nous anime sans qu'on ne le sache. »
 
Cette poétique de l'éphémère et du fugace n'est pas pour autant une fuite dans l'imaginaire d'un poète désabusé, bien au contraire. C'est un message d'espoir, de sollicitude et d'encouragement que s'attache à délivrer le jeune poète :
 
            « Je veux être une légion des fourmis
            Pour rebâtir tes espoirs endormis »
 
            « Mais je t'enverrai sur le nuage
            En cristal
            Et tu comprendras que l'orage
            Est banal. »
 
Grâce à la Balade des mots de Jonathan Kilando, il nous reste toujours des étoiles de l'optimisme pour briller sur notre firmament, car « lorsque les ténèbres envahissent le firmament, les étoiles nous rappellent qu'il y a toujours une lumière quelque part ».
 
Lire Jonathan Kilando, c'est découvrir un souffle d'encouragement à faire naître le nouveau monde que nous désirons, au moment précis où « Le Chaos trouva un refuge / Dans la beauté », un message pour que « les sujets de nos prières / Circulent encore dans l'atmosphère ». La poétique d'un vaillant poète, garde-fou contre les désespoirs de ce siècle.
 
Catherine Boudet, Quatre-Bornes, île Maurice, 04 novembre 2020

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