Entre un sud en proie aux lubies d'un capitaine annaliste de sa propre histoire d'une part, et un nord lacéré par des névrosés d'une religion dont ils ignorent les vrais fondements, et des desperados séparatistes d'autre part, l'Union africaine espérait un franc soutien avant que le décompte macabre ne commence à mettre l'Afrique, encore une fois, sous les feux de l'opprobre mondiale. Hélas, une fin de non-recevoir a été signifiée au continent- berceau-de-l ‘humanité qui est sommé d'apprendre à guerroyer tout seul ou à patienter. La situation n'est pas encore catastrophique, ou du moins pas à l'échelle nécessitant l'expertise de l'organisation mondiale.
Il faut plus que les images des cerbères avides de morceaux présidentiels au Palais de Koulouba, plus que la détresse d'un peuple vivant dans la hantise du quotidien ; plus que les exodes massifs ; plus que les monuments séculaires détruits ; plus que la coalition des intégristes terroristes de l'Aqmi, Mujao, Ançar Eddine et tous les barbus qui s'y rallient ; plus que le charabia imposé par la force des baïonnettes et du fouet ; plus que les flonflons de la soldatesque de Kati qui détient le glaive du commandement au sud; plus que la menace de la famine, des criquets, etc. Ainsi, l'Union africaine, par le truchement de la Cedeao est-elle face à elle-même, face surtout aux défis qu'il lui faudra vaincre pour légitimer sa raison d'être. Les valses d'hésitations lors des crises tunisienne, égyptienne, libyenne et ivoirienne en 2011 ; l'acceptation suspecte de la construction du siège de l'organisme continental par un pays tiers, la Chine ; le laxisme face aux excès présidentiels de certains membres ; l'incapacité à choisir un président de Commission admis par tous, sont autant de chantiers sur lesquels l'Union aura fait montre de peu de doigté. Il faut donc recourir à la palabre africaine. Suivre les doctes recommandations des experts, faire piaffer d'impatience les 3300 soldats de la Cedeao. Il faut commercer avec tout le monde : les barbus illuminés et les enturbannés séparatistes au nord, les redresseurs de démocratie et le capitaine au sud.
A terme, c'est sûr, le calumet de la paix sera fumé à Bamako pour les uns et le thé du rassemblement siroté à Tombouctou pour les autres. Entre temps, que les Maliens acceptent de serrer les dents. Les voies et voix de la négociation sont abyssales mais pas sales du tout. De la palabre peut jaillir la paix. Celle des vrais braves, qui, sans armes ni larmes, œuvrent pour le vrai bonheur du peuple malien. Ce que vivent les Maliens ressemble sinistrement à ce que la Côte d'Ivoire a vécu dans l'attente que les ballets diplomatiques multiformes ne daignent mettre une borne à sa souffrance.
[...]
Lire l'intégralité de l'article de Oumou Dosso publié dans le quotidien Fraternité Matin (en lien).