"La pirogue": quand il n'y a plus d'horizon

Fabienne Bradfer /// Le Soir
  • La pirogue: quand il n'y a plus d'horizon
© DR
Genre : Sortie de film, livre, album...
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv

Le Sénégalais Moussa Touré filme trente hommes embarqués pour un ailleurs meilleur. Métaphore d'un pays qui part à la dérive. Entretien


C'est au Festival du film francophone à Namur en septembre dernier que nous avons rencontré Moussa Touré. Depuis son premier long-métrage " Touba bi", réalisé en 1991, le cinéaste sénégalais est resté fidèle à ce rendez-vous francophone. Et si le cinéma africain a subi un gros déclin, Moussa, lui, n'a jamais cessé de tourner.

"Au Sénégal, tu as dix chances sur dix de rater ta vie", dit un des personnages du film. Est-ce encore le cas ?

Non. Mon film parle d'une situation qui est heureusement en train de changer grâce à l'arrivée de nouveaux dirigeants. La pirogue a été projeté au Festival de Cannes en présence du ministre de la Culture sénégalais, Youssou N'Dour. C'était une première ! Avant, les politiques ont pillé la jeunesse. La moitié de la population sénégalaise a moins de vingt ans et aucune perspective d'avenir. Que faire sinon essayer un ailleurs qui sera de toute façon meilleur. "La pirogue" est une métaphore de mon pays qui part à la dérive. Ceux qui embarquent dans la pirogue savent très bien que c'est dangereux, que c'est quasi un suicide. Face à ça, il y a le cynisme de ceux qui exploitent des situations désespérées.

Comment créer dans ce cas-là ?

Comment faire des films quand le cinéma n'en est pas une priorité, c'est ce que j'ai toujours voulu démontrer. Moi, je me suis adapté aux circonstances et je n'ai jamais arrêté de tourner depuis mon premier court en 1987. Pour faire du cinéma en Afrique, il faut savoir que la priorité, c'est manger. Mais la conscience revient. C'est très important qu'il existe une cinématographie en Afrique car le cinéma sert à se faire entendre. Or les dirigeants africains ont une trouille monstre que le monde apprenne ce qui se passe réellement. Le cinéma est un excellent vecteur pour dire des choses. Et la population est demandeuse ! La jeunesse attend, elle a envie de se voir, de s'entendre.

Avez-vous été happé à une époque par l'Eldorado européen comme vos héros ?

Jamais. Ce qui m'a protégé, c'est le cinéma.


LIRE L'INTEGRALITE DE L'ARTICLE sur Le Soir

Partenaires

  • Arterial network
  • Media, Sports and Entertainment Group (MSE)
  • Gens de la Caraïbe
  • Groupe 30 Afrique
  • Alliance Française VANUATU
  • PACIFIC ARTS ALLIANCE
  • FURTHER ARTS
  • Zimbabwe : Culture Fund Of Zimbabwe Trust
  • RDC : Groupe TACCEMS
  • Rwanda : Positive Production
  • Togo : Kadam Kadam
  • Niger : ONG Culture Art Humanité
  • Collectif 2004 Images
  • Africultures Burkina-Faso
  • Bénincultures / Editions Plurielles
  • Africiné
  • Afrilivres

Avec le soutien de