Il est des recherches d'historien qui virent peu à peu à l'enquête de police, sans l'inconvénient des lois de prescription. Il en est ainsi des travaux d'Armelle Mabon, maître de conférences à l'université Bretagne-Sud, à Lorient (Morbihan). Depuis 1996, cette femme combative tente d'élucider ce qu'il reste d'énigme dans l'un des grands drames de l'histoire coloniale française : le massacre par l'armée française de dizaines de tirailleurs africains à Thiaroye, au Sénégal, le matin du 1er décembre 1944.
Les archives officielles - rapports, circulaires, enquêtes - se livrant à une réécriture de l'affaire, il lui a fallu trouver ailleurs la vérité. Depuis dix-sept ans, elle convoque donc la science balistique, collationne les expertises d'armuriers, confronte les récits et les chronologies des témoins ou de leurs descendants, repère les contradictions au sein des rapports qu'elle répertorie patiemment dans des tableaux Excel. Bref, de l'investigation à part entière, d'où affleure peu à peu la vérité (...)
[Lire la suite de l'article de Benoît Hopquin publié dans Le Monde]