L'affiche du film d'Ousmane William Mbaye est belle : un groupe de jeunes africains, en marche. On sent l'enthousiasme, la ferveur, la volonté d'avancer, la promesse de lendemains dignes. Au centre Mamadou Dia au moment de l'Indépendance.
Premières images : Dakar, printemps 2012, campagne présidentielle, émeutiers des rues hurlant pour le départ du président Wade. Celui qui avait rêvé d'une présidence à vie sera effectivement remplacé le 25 mars.
Éclairé par le présent, le réalisateur revisite le passé. Il s'agit de l'Histoire, celle qui se fait au jour le jour, au soleil de la rue et dans l'ombre des ministères...D'autant que le pays vient de fêter récemment le centenaire de la naissance d'un homme oublié : Mamadou Dia, né en 1911 et décédé en 2009.
Le réalisateur va remonter cinquante ans en arrière et radioscoper les soubresauts de l'Indépendance du Sénégal, sous le règne de l'incontesté grand homme du pays Léopold Sédar Senghor. Avec, pour fil rouge, une question obsédante : Mamadou Dia a-t-il réellement fomenté un coup d'état pour renverser le gouvernement de Senghor le 17 décembre 1962 ? Une enquête documentée par des images d'archives et des interviews de personnages clés, au premier rang desquels Mamadou Dia, en personne et qui, au crépuscule de sa vie et quasiment aveugle, revit ces événements qui ont bouleversé son destin et celui du pays.
Certes, le genre d'enquête politique n'est pas nouveau ; le spectateur n'en appréciera que mieux la maîtrise de l'exercice. C'est en griot que Mbaye conte le geste des deux grands hommes, Mamadou Dia et le très francophile Léopold Sédar Senghor, amis de longue date, compagnons de lutte et qui, arrivés au faite de leur réussite, ne peuvent plus cohabiter.
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