Hommage à Moustapha Alassane : Le cinéma nigérien orphelin de son pionnier

Hommage à Moustapha Alassane : Le cinéma nigérien orphelin de son pionnier
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© ONEP NIGER
Genre : Décès de personnalités culturelles
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Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv
Mois de Sortie : 2015
Publié le : 23/03/2015
Source : http://www.lesahel.org/

Hommage à Moustapha Alassane : Le cinéma nigérien orphelin de son pionnier

Réalisateur du premier film nigérien, ''Aouré'' (1962), et du premier film d'animation africain, ''La Mort de Gandji'' (1963), Moustapha Alassane, auteur de 28 films, dont le dernier est ''Tagimba'' sorti en 2003, a tiré sa révérence dans la nuit de mardi à mercredi, à l'âge de 73 ans, des suites d'une longue maladie.
Depuis qu'il a laissé son trousseau de mécanicien, pour l'amour de l'art, cet originaire de Zougou au Bénin, est toujours resté lié au monde du 7ème art. Même dans son silence, loin des projecteurs, puisque s'étant retiré à Tahoua où il a continué à animer un studio de fortune, après s'être illustré à travers une filmographie abondante, Moustapha Alassane est resté une référence pour le cinéma nigérien. C'est dans un Hôpital de Ouagadougou, la capitale du cinéma africain, qu'il s'est éteint, précédé quelques jours plutôt par les lampions du Festival Panafricain du Cinéma et de Télévision de Ouagadougou (Fespaco), dont il est l'un des initiateurs.
Dès l'annonce de son décès, les réactions, les commentaires sur la vie et l'œuvre de l'illustre disparu ont commencé à fuser, de la part de ceux qui l'ont connu personnellement ou à travers ses œuvres. "Une bibliothèque a brûlé....", commentaire du Fespaco. "Le grand réalisateur du film TOULA, ''Femmes, Voitures, Villas, Argentc(FVVA)'', le premier réalisateur de film cowboy africain, le premier réalisateur de dessin animé africain, dessinateur de l'armoirie du Niger, M. Moustapha Alassane vient de nous quitter aujourd'hui ", a dit le réalisateur Moussa Hamadou Djingarey. ''Le pionnier s'en est allé!'', a titré Djibril Saidou, ancien journaliste nigérien, qui réside à Dakar au Sénégal, dans un article qui a été publié sur le site Actuniger.


Moustapha Alassane étai en effet non seulement le père du cinéma nigérien, mais il a occupé également un rôle dans la naissance du 7ème art au niveau continental. ''Le cinéma africain a démarré au Niger'', affirmait-il. Déjà en 1962, le doyen était lauréat du Festival du cinéma d'amateur de Cannes avant d'être primé au Festival de Saint-Cast en 1963, avec une médaille de bronze pour son film ''Aouré''. Moustapha Alassane va ensuite enchainer les succès avec son abondante filmographie riche d'une trentaine d'œuvres.
Moustapha Alassane fut l'illustration même de l'autodidacte, car disait-il, ''c'est presque par hasard'' qu'il s'est retrouvé dans le cinéma. Il a commencé par les dessins animés au début des années 1960, sous l'encadrement de Norman Mc Laren, de l'Office Canadien du film. Puis il fut illustrateur au Musée national du Niger entre 1959 et 1962, où il s'est illustré à travers des œuvres comme les armoiries, les sceaux et les décorations des uniformes nigériens.Mais c'est surtout la rencontre avec l'ethnologue français, et précurseur du film documentaire, Jean Rouch, qui fut déterminante pour la carrière cinématographique de Moustapha Alassane. Au fil du temps, il a muri une idée de ce qu'il voulait que le cinéma africain soit : ''Pour moi, le cinéma peut et doit servir à modifier la mentalité de la masse. Chacun de mes films touche à la politique, ne serait-ce que parce qu'il suscite un intérêt auprès de la masse et est susceptible de lui faire prendre conscience de sa culture. Je pense que, pour le moment, le cinéma n'a pas suffisamment prouvé au monde que l'Afrique a une culture propre. Il doit pouvoir éveiller la conscience du spectateur sur des problèmes spécifiquement africains et guider l'Afrique dans une direction plus viable'', disait-il.
Tous ceux qui l'ont approché, ne serait-ce que pour quelques minutes, témoignent de ses multiples qualités dont les plus marquantes sont sa grande humilité. ''Je garde encore le souvenir d'un vieux affable, courtois, humble et d'un agréable commerce humain. Je garde toujours l'image d'un vieux gai, au sourire célèbre et à la prévenance sans mesure'', témoigne l'ancien journaliste Djibril Saidou qui a rencontré Moustapha Alassane au cours d'un voyage en Espagne où il avait profité pour assister au Festival de Tarifa, au cours duquel 4 films du cinéaste nigérien ont été projetés à savoir "Toula ou le génie des eaux", "le retour d'un aventurier", "Kokowa" et "Bon Voyage Sim". ''C'était légendaire et merveilleux. Je revois encore ce public multiculturel qui s'émerveillait à la projection des films hors-compétition de Moustapha Alassane'', rappelle Djibril Saidou qui souligne que l'artiste s'en est allé ''sobrement, comme il a vécu d'ailleurs, malgré une filmographie bavarde''.
J'ai aussi été personnellement témoin de ces qualités de l'homme que j'ai côtoyé lorsque j'étais en poste à Tahoua en 2007. C'était lorsque nous avions travaillé dans une commission dans le cadre des préparatifs de la fête tournante du 18 décembre, que la capitale de l'Ader a abrité cette année.
Triste coïncidence ! Le 17 mars dernier, au détour d'une causerie sur le cinéma africain, un journaliste culturel, en l'occurrence Omar Ali, me disait : ''Le plus grand cinéaste nigérien est jusque-là Moustapha Alassane''. Et le journaliste d'évoquer la riche filmographie du cinéaste et ses grandes qualités. Nous ne savions pas que le vieux était à l'article de la mort. Le lendemain, le collègue était bouleversé quand je lui annonçai la mort du grand cinéaste, qu'il a lui aussi personnellement connu.
Il va manquer à tout ce monde, à commencer par sa grande famille, ses amis, ses collègues, au monde du cinéma. Repose en paix vieux, et qu'Allah t'accueille dans son Paradis éternel !

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