Niger : Moustapha Alassane est mort, le 17 mars 2015, à Ouaga

Pionnier du cinéma d'animation (Bon voyage Sim, …), il a touché au documentaire et à la fiction.
Niger : Moustapha Alassane est mort, le 17 mars 2015, à [...]
© Thierno I. Dia / revue Africiné
Genre : Décès de personnalités culturelles
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv
Mois de Sortie : 2015
Publié le : 25/03/2015

article mis à jour le 27 mars 2015, à 18h20

C'est avec émotion que la réalisatrice burkinabèe Fanta Régina Nacro annonce la nouvelle aux invites du Festival de Louxor: un des cinéastes les plus inventifs et pugnaces venait de rendre l'âme. Membre du jury longs métrages fiction du LAFF 2015, elle nous apprend que la mort est survenue à Ouagadougou, où le doué cinéaste suivait des soins. Le syndrome "AFP / Martin Bouygues" est passé par là (l'agence de presse française ayant malencontreusement confondu un monsieur Martin avec le patron de la chaîne TF1, dans une série de dépêches malgré sa réputation de sérieux) et déontologie oblige, nous prenons le temps de croiser les sources avant d'obtenir confirmation de la triste nouvelle qui endeuille le monde du cinéma.
Cinéaste précoce, il est l'assistant de Jean Rouch avant de s'émanciper de sa tutelle, en se formant avec Norman McLaren, grand maître du cinéma d'animation et fondateur de l'Office National du Cinéma canadien (ONC / CNB). À 19 ans, Moustapha Alassane réalise quatre films en 1962 dont Aouré et La Bague du roi Koda, suivi de La Mort de Gandji. Sa notoriété est faite surtout avec Bon voyage, Sim (1966), une analyse mordante de l'épidémie de dictateurs et la vague de coups d'Etats, deux phénomènes qui viennent très vite hypothéquer les indépendances africaines (majoritairement arrachées en 1960). Sim est Président d'une république de crapauds, métaphore politique puissante.
 


 
Inventif, il fait Le Retour d'un aventurier (1966), un film de western en plein Sahel pour souligner la fascination devant des modèles culturels pas toujours opérants et peu respectueux face aux cultures africaines. Son  long métrage de fiction FVVA: Femmes Voitures Villas Argent en 1972 amène au cinéma un nouveau visage : Sotigui Kouyaté.

En 2013, il fait l'objet d'une rétrospective au Festival du Cinéma africain Louxor (aux côtés de Shweekar Khalifa, grande réalisatrice égyptienne de films animés, le cinéaste malien Souleymane Cissé, l'actrice égyptienne Yousra et le critique égyptien Samir Farid) où il est membre du jury animation. Les Hollandais (Rotterdam 2013) venaient de saluer son oeuvre, ainsi que le festival de référence mondiale, Annecy (France). En 2007, Cannes lui avait rendu hommage (plus la Légion d'Honneur de la France). En Égypte, le festival spécialisé ASIFA 2009 l'avait célébré comme l'artiste d'animation le plus important en Afrique.

Film portrait en ligne (en intégralité)

Coréalisateur avec Maria Silvia Bazzoli du film Moustapha Alassane, cinéaste du possible, l'auteur Christian Lelong a prié notre rédaction de le partager aussi largement que possible, en visionnage gratuit. Il s'agit de "rendre hommage à notre ami disparu et accompagner le deuil de tous, famille, amis, cinéphiles".


Moustapha Alassane, Cinéaste du Possible par cinedocfilms

"Pour moi, le cinéma peut et doit servir à modifier la mentalité de la masse. Chacun de mes films touche à la politique, ne serait-ce que parce qu'il suscite un intérêt auprès de la masse et est susceptible de lui faire prendre conscience de sa culture. Je pense que, pour le moment, le cinéma n'a pas suffisamment prouvé au monde que l'Afrique a une culture propre. Il doit pouvoir éveiller la conscience du spectateur sur des problèmes spécifiquement africains et guider l'Afrique dans une direction plus viable", disait Moustapha Alassane.

Prolixe, pendant des années, il ralentit et fera quelques films dans les années 2000. Il s'était mis à l'informatique afin de continuer à produire ses films, retiré dans la ville de Tahoua, loin de Niamey, la capitale nigérienne. Avec une riche carrière d'une trentaine de films (documentaires, fictions, animations), et second Africain à se lancer dans le cinéma d'animation après l'Égyptien Aly Moheeb (réalisateur de White Thread, en 1962), il décède dans la capitale burkinabèe le mardi 17 mars 2015, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 73 ans (il est né en 1942 à Ndougou, Niger).
  Thierno I. Dia
Images Francophones  

Illustration : le cinéaste nigérien Moustapha Alassane, au Temple de Karnak, Cérémonie d'ouverture du 2ème LAFF (Louxor, Egypte, 2013).
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné

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