TootArd est un jeune groupe des hauteurs du Golan qui fusionne blues touareg, mélodies psych-rock et des teintes de reggae avec les modes arabes classiques. Leur deuxième album Laissez Passer est leur première sortie internationale et l'une des premières de leur région.
 
Un Laissez Passer. C'est le document des apatride et la seule possession des habitants du plateau du Golan. La région fait partie d'Israël depuis 1967, mais ses habitants ne sont pas israéliens. Ils n'ont aucune citoyenneté et n'ont pas de passeport, juste un Laisser Passer. Voici pourquoi les membres de TootArd ont trouvé le nom approprié pour leur album :
« Les laissez-passer sont des documents spéciaux » explique le chanteur et guitariste Hasan Nakhleh. « Il nous a fallu un certain temps avant de le réaliser. Nous sommes des résidents permanents en Israël, mais pas des citoyens. Nous n'avons aucun document pour voyager et lorsque nous le faisons, nous avons besoin du laissez-passer. Nous sommes officiellement 'indéfinis'. »
 
C'est avec leur situation d'apatrides que les membres de TootArd ont découverts leur liberté musicale. Ils ont grandi en comprenant que les frontières sont imposées par les gouvernements et que les lignes n'existent que sur les cartes. Sur disque et pendant les concerts ils peuvent aller partout où leur imagination les emmène. Ils portent leur citoyenneté à l'intérieur.
 
« Ce que nous faisons maintenant est le résultat de ce que nous avons fait et entendu par le passé. La musique nord-africaine est quelque chose que nous écoutons depuis notre enfance. Nous avons tous grandi avec la musique arabe classique. En trouvant notre propre son nous avons découvert d'autres choses venant d'ailleurs. » À propos du morceau titre, Nakhleh note : « le premier verset est la réalité, le second notre solution. Notre peuple est apatride. Nous n'avons aucun drapeau, aucun sentiment d'appartenance. Cela impacte nos émotions, nous nous sentons indéfinis… D'autant plus que les gens veulent toujours que vous disiez d'où vous venez. »
 
Avec leurs riffs évoquant les grands espaces du désert, les percussions funky et une guitare électrique à laquelle Nakhleh a ajouté des frettes pour ressembler à un oud, l'album crée un pont entre l'Afrique de l'Ouest et l'Orient en passant par le Maghreb. TootArd n'est pas 'indéfini', ils ont façonné leur propre identité dans leur musique. Laissez-les passer !