Coopearte 2007

C'est la grande particularité du nouveau regroupement proposé, avec bonheur, par le très ouvert Atelier de la Celamar, dans le cadre de son programme, á tous points de vue, dynamique, intitulé, "Coopération Artistique", qui, cette année, rend hommage au regretté Mentor céramiste, Afonso Matondo, ancien Secrétaire de l'Union des Artistes Plasticiens (UNAP).
Comme pour les livraisons antérieures, les plasticiens, en résidence dans la mythique île de Luanda, nous offrent, pour la quatrième expérience, dans une revalorisante ligne académique, comparative, après trios de dur labeur, des dizaines d'œuvres issues de la peinture á l'huile et des ses applications mixtes, de la tapisserie composée, de la sculpture sur bois et de la céramique.
La démarche d'approximation plastique est également faite grâce á la présentation d'essais de technologie moderne dérivés de l'infini traitement en numérique et de l'élémentaire, mais ingénieuse, saisie - sténopé -, la lumineuse boite á images.
Les cinq tableaux phares de peinture du "quaterne", illustrent l'originalité de l'option prise et qui a permis, pour chaque composition, des contributions picturales angolaises suivies de celle d'un pinceau d'outre-mer. Et, l'on a, sans complexe et sous une juste vision de promotion générationnelle, réservé, dans les apports nationaux, pour chaque toile, une colonne aux jeunes talents.
Les choix thématiques se sont portés sur l'indispensable préservation de l'environnement, l'un des enjeux de la garantie de la paix dans le monde ; l'importance anthropologique de l'expression musicale, l'humanisante et équilibrante promotion du genre, de l'amour et de la maternité ainsi que de la perpétuation du pouvoir des masques rituels.
L'on retrouve, ainsi, dans ces représentations picturales collectives, la sympathique plastique poétique de "Tia" Marcela, la Pasionaria de la Celamar, persistant dans ses options humanistes, Francisco Van Dunem " Van", bien ancré dans les sona, ces hiéroglyphes de l'Orient angolais, l'expression de la maturité du talent d'Antonio Gonga, le Professeur, et le saisissant abstrait du jeune Pedro Dianingana, le "Chey" ; le marquage international ayant été assuré par le diplomate - artiste rio platense, Mariano Herman Mujica, avec une discrète restitution para- réaliste.
Le circuit expositif offre, ensuite, dans le même registre, une toile présentant la note gravurante avant-gardiste d'Alvaro Cardoso, l'exactitude du désormais Maître de la peinture angolaise sur velours, l'excellent Ntangu, s'appliquant á la toile, la figuration séductrice de Nsangu et les formes abstraites du jeune Alves Manuel ; la composition ayant bénéficié du enthousiasme polychrome de la luso-angolaise Virginia Romao.
L'on appréciera, après, les inévitables figures "femina" stylisées du quatuor Don Sebas, Raul Silvestre, Elie Kabundi et Gomes Pinto, qui ont été raffermies par l'inattendue bolivienne Gabriela D'Arlch.
Le pesant héritage des masques est, naturellement, certifié par le vétéran Paulo Bula, l'assidue Elisabeth Mayamba, influencée par l'historique peinture hollandaise, Mabeko Tali Junior, qui, après la photographie, veut convaincre dans les couleurs peintes, l'attendu Nzangela "Boaventura", définitivement fasciné par ces indispensables protections rituelles, Diongo….Et, Andréa, peintre venue du Brésil, cette Angola outre-Atlantique s'est jointe á la cérémonie.
L'une des agencements qui inscrit, á juste titre, la promotion du genre, dans la propre continuité de la nature et de l'humanité, est signée par un beau pinceau, celui du doyen Kenga, suivi par la remarquable prestation, évidemment, attachante de la grande révélation, ces dernières années, dans le domaine de la peinture, sur les terres de la double Reine, Sozinho Lopes.
La suite est marquée par les intenses touches de MBaki dos Santos et Agostinho José, le pacifique " Piranha". C'est la lointaine australienne Stéphanie qui clôture l'enchaînement pictural, avec un subtil rendu représentant une quitandeira, l'inlassable marchande ambulante de poissons, qui, les matins, prend possession, avec un incroyable aplomb, du centre ville de Luanda.
C'est une tapisserie, bien identitaire, montée en duo, qui clôture, la série collective. La paire est constituée, dans un exercice d'encadrement technique, exemplaire, de la chevronnée Marcela de la Celamar et du jeune Pedro Adriano.
L'expo présente, en plus des tableaux profilés "coopearte", des œuvres individuelles. L'on y appréciera les motifs artistiques tissés de la talentueuse mais discrète Domingos Massocolo, brodeuse possédant un immense potentiel, la biologiste -artiste, venue du Danube, logiquement écologiste, Mirjana Vujnovic "Miga", dans ses arrangements du conchylium.
Les grands axes thématiques de la quatrième édition de la C.A. sont restitués, grâce, dans la sculpture, á l'exceptionnelle taille de œuvres de Dongala, et, dans la céramique, aux gracieuses pièces des incontournables grands façonneurs d'argile, Simao Kavunuako et Mawanda Makiadi.
L'étalage de l'incubateur 2007, clôture par les surprenants traitements virtuels de l'avant - gardiste, bien nommé Manzambi, o Raf, e a trilogie sténopée, du jeune Agostinho de Carvalho Constãncio, originaire du Golfe de Guinée, qui a fixé São Paulo de Assumpção de Loanda, en trois représentations architecturales, absolument exemplaires, l'ancienne et la contemporaine, celle-ci, constituée de la moderne et la périphérique, avec ses labyrinthiques musséques.
Il est incontestable que la IV action conjointe, se confirmant comme espace de rencontre, de travail et d'échange, a été extraordinairement fertile, illustrant le notable développement de la créativité plastique en Angola, qui s'est toujours fondé sur les faits de l'histoire, sur les traditions et les réalités nationales, e qui bénéficie, visiblement, aujourd'hui, de la spectaculaire renaissance économique du pays.