Des objets voués à l'oubli, des outils passant de vie à trépas ont intrigué et interrogé Frédéric Voisin.
Quelle était la fonction de tel objet ? Quelles potentialités pour telle batte à linge, tel moule de "Chapelier", tel objet abandonné peut-il revivre ? Quelles portes ouvre cet outil façonné par un savoir faire immémorial et taillé dans un matériau noble ? (le bois.)
Les portes d'une esthétique qui puise à la source de l'artisanat pour se projeter dans l'actuel et le potentiel de l'art.
Frédéric Voisin ne fait pas partie des zélateurs du passé. Il a été un des premiers artistes à utiliser l'outil informatique.
Ainsi après un Frédéric Voisin mutant, est-on surpris de voir un Frédéric Voisin mutin, engagé dans la cause de la conservation pour mieux dialoguer avec son public. Soit ce public re-connaît l'objet abandonné et apprécie le détournement ou retournement de l'objet dans sa nouvelle vie, soit il en ignore la fonction première et pénètre dans le mystère. Dans un cas comme dans l'autre le dialogue est établi. On dépasse vite les généralisations sur l'art brut ou l'art primitif chez Frédéric Voisin. On dépasse le côté esthétique simple, ("Tiens on dirait un masque!") pour s'aventurer du côté de chez Voisin, du côté d'un rituel inventé, en tout cas du côté des symboles.
Libre à chacun d'interpréter ces symboles.
En tout état de cause, le spectateur aura été invité à goûter à la surprise, à l'imprévu, l'imprévisible que constitue tout dialogue sincère avec l'ouvre d'art.
L'artiste aura fait ouvre de médiateur, d'intermédiaire entre l'objet d'art et le spectateur.
L'artiste se sera fait médium, visionnaire. Telle est la démarche de Frédéric Voisin qui se pose et nous pose la question :
"Objets abandonnés, avez vous une âme"?