Encre amère

Encre amère
  • Encre amère
© Oumarou Kadry Koda
Genre : Recueil de poésie
Code DEWEY : Information Communication

Année : 2014
Rubrique : Littérature / édition, Histoire/société, Poésie / conte

« Je suis un poète, un unanime cri »
Écrire avec de l'encre amère, puisée dans un fonds principal de mots et de désespoir, c'est dire entre les lignes la déchirure du vers face à un monde en détresse. C'est crier le malheur d'un pays où nectar et fiel s'entremêlent pour faire chavirer « notre barque de fortune », cette vie précaire, vécue au jour le jour, unique support de l'idéalité.
Oumarou Kadry Koda fait résonner dans ses poèmes son amour tourmenté pour la femme fatale, la femme mère et la femme-patrie. Ces figures s'imbriquent sans cesse comme pour suggérer le mystère et l'intensité de son attachement profond à sa patrie nourricière, à sa patrie-maîtresse ployée sous le malheur. Ses vers n'ont pas peur de se donner à voir comme une constante remotivation du ly-risme et de ses principaux motifs d'ancrage dans la tradition littéraire. Si nous ne prenions pas garde aux subtiles tonalités qui s'y dissimulent, nous pourrions le qualifier de poète profondément conservateur. Pourtant, une certaine tonalité néo-réaliste ponctue ses textes ; des images crues se mélangent à chaque célébration lyrique. L'évocation de la « bouchée de riz » que se disputent les enfants aux jambes malingres et aux ventres ballonnés, tout comme l'image des villes en ruine, submergées par le sang, entrecoupe le chant de la nature et de l'amour que nous entonnons les jours de fête.
Poète militant sans aucun doute, mais aussi poète sensible, généreux, pour lequel la poésie est partage avant tout, Oumarou Kadry Koda n'a de cesse de chercher la beauté dans un univers lacéré par « la furie des cœurs aveugles ». La peur martèle l'âme, la guerre ricane et montre ses dents ensanglantées, l'humanité se fait déjà une place sous la terre, le profane l'emporte sur le sacré... Mais le poète écrit, manie adroitement ses mots tranchants. Le verbe se fait arme pour dénoncer le mal, l'hypocrisie, les humeurs du pouvoir auxquelles pend accrochée la vie. Dans son cœur ne retentit que le battement du cœur de son pays, de tout pays écorché vif par le malheur.
Tout en égrenant « le chapelet des jours incohérents », le poète rejoint l'autre versant de la réalité, celui où nous ne vivons que pour combattre et que pour dévoiler le véritable visage du monde. Écrire devient alors un acte sacrificiel où perle le sang du poète engagé. Aussi le recueil entier est-il un condensé de sa mission d'homme et
d'écrivain, une sorte de marche militaire transfigurée par la poésie, dont le patriotisme, le pathos effervescent et la simplicité désarmante se donnent pour but de toucher le commun du peuple, de l'éveiller pour qu'il puisse désamorcer le pouvoir d'ébranlement d'un mal indicible.
La réalité rugueuse de l'histoire est dite ici avec une lucidité décapante, mais l'atmosphère qui s'en dégage n'est ni morbide ni fataliste. Bien au contraire, la poésie, expérience expiante et immodérée, n'approfondit les failles historiques et humaines que pour nous exhorter à les combler. Les mots osent renouer dans notre « moi » intime les fils qui se sont rompus dans l'histoire, tout en rappelant en même temps une tradition poétique militante, depuis longtemps abandonnée et âprement critiquée.

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