chantier de création 2007
- Production La Part du Pauvre/Cie Bô zu dia katiopa -
chorégraphie: Boris Ganga Bouetoumoussa - Dramaturgie: Eva Doumbia - Interprètes: Boris Ganga Bouetoumoussa, Brunel Nkouka, Brice Mingouolo et Aliénor Vallet
Intention chorégraphique :
La source d'inspiration de la chorégraphie est le "bula mananga", forme de spiritualité issue de la religion kongo, encore pratiquée au Congo et que l'on retrouve également en Haïti (vaudou haitïen). Il s'agit d'un véritable dialogue entre le visible et l'invisible. Dans la pratique de ce culte, les adeptes, en pleine exaltation et prêts à rentrer en transe, sont toujours debout, en cercle et sont poussés à exécuter des sauts appelés "bitezos".
Ainsi, dans "Yuma", la chorégraphie cherchera à créer un lien corps-esprit, dans lequel le mouvement cherchera à se développer comme une effervescence de cette pratique spirituelle. Le premier travail avec les danseurs consistera à leur faire prendre conscience de la force qui lie le corps et l'esprit.
Le point de départ sera le souffle, facteur primordial, qui définira la vitalité, la propulsion, l'énergie, le relâchement et la fluidité.
L'enjeu de cette création chorégraphique est de faire comprendre aux spectateurs, l'importance de ce lien corps esprit que la danse autorise, permet, voir même magnifie.
Procédé de mise en scène :
Dans ce projet, l'intention chorégraphique précède la mise en jeu. Le projet "Yuma" est de faire ressentir au spectateur dans sa chair, dans son ventre ce que c'est qu'un conflit (conflit intérieur, spirituel). Ou s'en souvenir, car malheureusement notre pays sort d'une période de douleurs.
Un grand travail d'écoute est nécessaire de la part de chacun des artistes. Notre nécessité est de faire sortir le lot de souffrances accumulées par la guerre, sortir de notre mortification, faire sortir le "yuma" en nous, déloger le "nkuyu yuma" qui rode toujours et que nous devons chasser collectivement afin de s'en sortir, d'en finir avec la guerre et ses douleurs.
Une danse comme une prière pour en finir un jour avec tous les conflits meurtriers et tous les impérialismes qui nous menacent chaque jour !
Mais il est pour nous trop éprouvant de parler de notre propre traumatisme, aussi chercherons nous plus loin, dans notre histoire ancienne et nos racines culturelles et dans une guerre plus lointaine, mais terriblement récente, celle qui se déroule en Irak. Celle-ci soulève aussi une question toujours actuelle, celle de l'alibi de la religion dans les conflits.
Nous avons fait appel à Eva Doumbia de la compagnie La part du pauvre après avoir vu un travail à Brazzaville, lors du Festival Mantsina sur scène. La mise en acte du spectateur, la frontalité du rapport au public de sa démarche, y compris dans les situations violentes, y ont interpellés le chorégraphe. Dans un premier temps de recherche, Eva Doumbia viendra à Brazzaville pour écouter nos paroles. Elle dirigera des improvisations (théâtrales), nous demandera d'écrire. De cette matière nous construirons collectivement la dramaturgie, la structure de la pièce.