19ème édition du Festival du film africain de Cologne

LE FUTUR – VISIONS D’AFRIQUE(S)
  • 19ème édition du Festival du film africain de Cologne
© Nizar Saleh
Genre : Festival | Cologne

Du jeudi 15 au dimanche 25 septembre 2022

Horaires : 19:00
Contact : FilmInitiativ Köln e.V.
Tél. : +49 221 4 69 62 43
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv

1992 – 2022: 30 ANNÉES DE FILMS AFRICAINS À COLOGNE
En septembre 2022, le Festival du Film africain de Cologne (AFFK) fête à l'occasion de sa 19ème édition 30 ans d'existence. Le réalisateur angolais Fradique, qui avait présenté en 2021 son premier long métrage de fiction AIR CONDITIONER, nous fait l'honneur cette année d'être le parrain de cette édition très spéciale. 
Ce qui a débuté en 1992 par une modeste sélection de « films d'Afrique de l'Ouest » dans le plus petit cinéma de Cologne, le Filmpalette, est devenu trois décennies plus tard l'événement le plus important et le plus vaste à travers le pays sur l'industrie cinématographique contemporaine de toutes les régions d'Afrique et de la diaspora. À son commencement, le festival se déroulait de manière irrégulière et, à partir de 1996, il est devenu un événement biennal, avec des programmes à thème lors des années sans édition. Depuis 2016, l'AFFK est devenu un festival annuel. 
Depuis 1992, FilmInitiativ a projeté à Cologne plus de 1000 films d'Afrique et de la diaspora. 300 cinéastes de 50 pays ont été invités·ées pour venir parler de leur œuvre avec le public.
Dès la création du Festival, l'équipe s'est attachée à montrer des films d'Afrique, et non sur l'Afrique, et à permettre au public local de pouvoir rencontrer et de dialoguer avec des cinéastes des pays africains et de la diaspora. Depuis ses débuts, il était important pour FilmInitiativ de coopérer avec des initiatives et des activistes issus·es des communautés africaines. Ces derniers·ières ont non seulement participé à des débats sur les films et assuré la présentation dans les cinémas du Festival, mais ils·elles ont également présenté, en tant que programmateurs·rices et en collaboration avec l'équipe du Festival, des cycles de films consacrés à des thèmes précis ainsi que sur des pays spécifiques. C'est grâce au soutien de la communauté camerounaise en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de FilmInitiativ que le réalisateur camerounais Jean-Marie Teno a également pu tourner un long métrage sur le thème de la migration à Cologne en 1996.
Si l'AFFK a été organisé de manière purement bénévole au cours des premières années, des structures professionnelles ont été nécessaires pour assurer la pérennité et le développement du Festival à partir de la deuxième décennie, à savoir un bureau du festival occupé toute l'année et une équipe constante.
Depuis 2012, FilmInitiativ est l'une des rares organisations culturelles à Cologne à proposer un catalogue du Festival et des informations en ligne en trois langues - allemand, anglais et français. Cela facilite non seulement la communication avec les cinéastes des pays africains et de la diaspora des quatre coins du monde, mais aussi avec les communautés locales. Afin de rendre le festival aussi accessible que possible sur le plan linguistique, des traductions simultanées des débats après les films sont proposées depuis de nombreuses années. De plus, chaque année, une sélection de films du Festival est sous-titrée en allemand afin de faciliter leur diffusion dans notre pays. Par ailleurs, FilmInitiativ organise des projections à l'échelle nationale. Ces dernières années, une sélection du programme du Festival de Cologne a ainsi été présenté à Bonn, Wuppertal, Münster, Nuremberg, Oldenburg et Stuttgart (« Best of AFFK »), et parfois en présence des réalisateurs·rices.
Bien que le Festival n'ait cessé de se développer depuis sa création et qu'il ait acquis une renommée internationale, les ressources humaines et financières de l'AFFK restent précaires et ce, même après 30 années. Certes, FilmInitiativ a réussi à obtenir des subventions pour le Festival de la part de la ville, du Land et de l'État fédéral ainsi que de mécènes privés, mais il faut régulièrement déposer de nouvelles demandes de subvention, ce qui entraîne parfois des revers. La réduction d'un tiers des subventions du Land de 2022 à 2024 en est un exemple. Cela a pour conséquences que le bureau du Festival est actuellement en sous-effectif, que moins de cinéastes peuvent être invités·ées au Festival de Cologne et enfin, que moins de films peuvent être sous-titrés en allemand. Ainsi même après 30 ans d'existence, la pérennité du Festival du Film africain de Cologne n'est pas du tout assurée à long terme et est remise en question année après année.
 
LES CLASSIQUES – DES CINÉASTES VISIONNAIRES
À l'occasion de cet anniversaire, le programme de cette année permet de (re)découvrir quelques chefs-d'œuvre de cinéastes africains·es qui ont déjà été présentés lors de précédentes éditions du Festival. Une sélection a été réalisée par Karl Rössel et Christa Aretz, cofondateur et cofondatrice de l'AFFK, à partir des films projetés lors des 30 dernières années au Festival. Les films sélectionnés illustrent la clairvoyance des réalisateurs·rices africains·es qui, il y a plusieurs décennies déjà, ont utilisé le médium cinématographique pour attirer l'attention sur des thèmes et des problématiques qui semblent aujourd'hui plus actuels que jamais. Même des décennies après leurs réalisations, nombre de ces classiques s'inscrivent ainsi dans le cadre du thème central de l'AFFK 2022 «Le Futur – Visions d'Afrique(s)».
Le court métrage À LUCY, réalisé en 1993 par Radha-Rajen Jaganathen, originaire de l'île Maurice, et présenté lors de la séance d'ouverture du Festival, en est un bel exemple. Cette petite perle cinématographique illustre de manière merveilleusement pertinente le débat sur la restitution qui a désormais lieu dans les musées allemands : la restitution des biens culturels volés lors de la colonisation.
À l'occasion de Friday for Future, une sélection de courts métrages est programmée qui apparaissent aujourd'hui, des années après, comme des réflexions sur les discours écologiques actuels. Ainsi, la série LE TRÉSOR DES POUBELLES de Samba Félix Ndiaye, datant de 1989, apparaît comme une invitation anticipée à recycler les déchets de manière ingénieuse. Le documentariste sénégalais, décédé de manière prématurée en 2009, était l'un des réalisateurs les plus importants de la génération fondatrice du cinéma d'auteur indépendant d'Afrique de l'Ouest, et il a été l'un des premiers invités de l'AFFK dans les années 1990, qui s'intitulait alors « Au-delà de l'Europe ».
Dans le court métrage de science-fiction PUMZI, la réalisatrice kenyane Wanuri Kahiu propose dès 2010 une vision dystopique de notre planète ; un monde confronté à une catastrophe climatique. Se projetant dans le futur, 35 ans après une 3ème Guerre mondiale, ce film fait partie du courant de l'afrofuturisme. 
Il y a plus de dix ans, le réalisateur tunisien Fitouri Belhiba avait déjà dressé dans son court métrage documentaire SACRÉES BOUTEILLES le portrait d'un employé de la poste de sa ville natale, Zarzis, qui ramassait des déchets plastiques sur la plage pour en faire des œuvres d'art. Le film attirait ainsi déjà l'attention sur la pollution en Méditerranée.
Fitouri Belhiba a été invité au Festival à plusieurs reprises depuis 2010, et fera également le voyage à l'occasion de l'anniversaire du Festival afin de discuter avec le public de la genèse et de l'actualité toujours aussi pertinente de son documentaire.
 
LE PRINCIPE DE SANKOFA : REGARDER EN ARRIÈRE POUR ALLER DE L'AVANT
En Afrique de l'Ouest, le principe de Sankofa est un proverbe qui indique qu'il est non seulement utile, mais aussi indispensable de connaître l'Histoire pour pouvoir concevoir un avenir meilleur. Sankofa est un mot de la langue akan du Ghana qui signifie : Regarder en arrière pour aller de l'avant. De nombreuses représentations de l'oiseau Sankofa, se tordant le cou pour regarder en arrière tout en avançant, symbolise ce proverbe. 
Le réalisateur éthiopien Haile Gerima a choisi le titre de SANKOFA pour son long métrage, réalisé en 1993, sur la traite des esclaves. Celui-ci débute et se termine dans le présent – dans un ancien fort où étaient retenus·es des esclaves sur la côte atlantique du Ghana, devenu aujourd'hui une destination touristique. Dans ce long métrage, Gerima met en évidence à quel point les conséquences de la déportation de millions d'Africains·es par les marchands d'esclaves européens sont jusqu'à aujourd'hui visibles en Afrique.
Le long métrage de Gerima a été le premier et reste à ce jour le plus important sur le sujet d'un point de vue africain. Gerima enseigne depuis de nombreuses années en tant que professeur de cinéma à l'université Howard à Washington. Avec sa femme Shirikiana Gerima, coproductrice du film, il y gère également une boutique de vidéos et de livres qu'ils ont nommés SANKOFA. Pour pouvoir réaliser ce long métrage, Haile et Shirikiana Gerima ont dû se battre pendant 20 ans pour obtenir des fonds et le soutien nécessaires à sa réalisation. Après sa projection au FESPACO, le Festival panafricain du film à Ouagadougou (Burkina Faso), Gerima a reçu des lettres de remerciement de la part des spectateurs·rices. Et lorsqu'il s'est excusé auprès de son équipe de tournage de n'avoir pu verser une rémunération décente, ils·elles lui ont répondu que ce qu'ils·elles avaient appris sur l'histoire afro-américaine lors du tournage valait plus que de l'argent. 
SANKOFA figure incontestablement parmi les monuments des cinémas africains, et dans la mesure où le film fait référence aux conséquences de l'Histoire sur l'avenir, ce film historique est également cité aujourd'hui dans les débats relatifs à l'afrofuturisme.
Il en va de même pour le film YEELEN de Souleymane Cissé, réalisé au Mali en 1987, alors qu'il raconte une histoire ancrée dans les traditions datant de l'époque précoloniale : le récit d'une lutte de pouvoir entre un père et son fils. Cependant tous deux sont dotés de pouvoirs magiques et font également appel à des forces surnaturelles pour régler ce conflit intergénérationnel. Outre ces éléments fantastiques, ce sont surtout les images et la lumière inhabituelles qui donnent à ce film un aspect visionnaire et qui, de ce fait, est également intéressant pour les théoriciens·nes de l'afrofuturisme. Ces deux grands classiques seront projetés cette année lors des deux matinées dominicales du Festival.
L'un des visionnaires politiques les plus radicaux de la génération des fondateurs·rices des cinémas africains indépendants était Med Hondo. Ce précurseur d'un cinéma d'auteur révolutionnaire était originaire de Mauritanie. Il a fondé une troupe de théâtre en exil en France avant de commencer à tourner des films. Ces deux dernières années, FilmInitiativ a présenté deux de ses chefs-d'œuvre, SOLEIL Ô (1970) et SARRAOUNIA (1986) sur des chapitres occultés de l'histoire coloniale ainsi que sur la discrimination des Noirs·es au sein de la diaspora en Europe. Son long métrage WEST INDIES OU LES NÈGRES MARRONS DE LA LIBERTÉ de 1979, qui sera projeté à l'AFFK cette année, est un sublime huis clos rythmé par des séquences de danse et de musique portant sur l'esclavage des Noirs·es et la colonisation des Antilles "françaises". Le film a été entièrement tourné dans la coque d'un navire négrier et se base sur une adaptation théâtrale. Med Hondo a déclaré à ce sujet : « Je voulais libérer le genre de la comédie musicale de son empreinte américaine et démontrer que les gens, partout sur la planète, ont créé leurs propres comédies et tragédies musicales, ainsi que leurs propres idées basées sur leurs histoires respectives ».
 
LES PERLES – CHEFS D'ŒUVRE EN COURT D'ANCIENS·NES INVITÉS·ÉES 
Le programme LES PERLES constitue un autre point fort de ce retour sur 30 ans de programmation de l'AFFK. Il comprend cinq courts métrages de réalisateurs·rices qui ont connu par la suite un succès international et qui comptent aujourd'hui parmi les plus grands·es cinéastes du continent africain. Ils·elles ont été invités·ées à plusieurs reprises dans le cadre du Festival à Cologne. 
Le court métrage BONNE CHANCE TROPHY est issu de la série légendaire que Luis Marquès et Claude Gnakouri ont tourné en 1998 sur l'attitude autocratique des Blancs·ches en Afrique. Les deux cinéastes, qui jouent les rôles principaux dans chaque court métrage de cette série, ont fait ensemble du théâtre de rue en Côte d'Ivoire pendant de nombreuses années avant de filmer également leurs propres pièces. Luis Marquès a par la suite écrit le scénario du long métrage primé L'OEIL DU CYCLONE sur un ancien enfant soldat, que sa femme Maimouna N'Diaye est venue présenter à Cologne en 2015 en tant qu'actrice principale. 
Le réalisateur sénégalais Alain Gomis a été récompensé deux fois par l'Étalon d'Or de Yennenga du FESPACO pour ses longs métrages TEY (2011) et FÉLICITÉ (2017). Ce dernier a été présenté à l'AFFK à l'occasion du 25ème anniversaire. FilmInitiativ avait alors réussi à faire venir pour une représentation à Cologne les « Kinshasa Allstars », qui apparaissent dans le film accompagnant la protagoniste principale, une chanteuse de bar. Quinze ans plus tôt, Alain Gomis avait révélé avec PETITE LUMIERE – le récit d'une jeune fille qui remet en question nos habitudes visuelles – son talent pour la forme du court métrage de fiction.
Il en va de même pour sa collègue sénégalaise Dyana Gaye et son court métrage DEWENETI réalisé en 2006, dans lequel le petit Ousmane, âgé de sept ans, se débrouille avec ingéniosité dans la vie. Dyana Gayea ensuite acquis une renommée internationale avec plusieurs longs métrages. En 2015, elle est revenue à Cologne en tant que marraine pour le programme spécial AFRICAN DIAPORA CINEMA et pour y présenter son long métrage DES ÉTOILES, une histoire entre Dakar, Turin et New York, qui a été récompensée par de nombreux prix. Le film sera d'ailleurs à nouveau projeté cette année dans le cadre d'une séance scolaire.
Fanta Régina Nacro fût la première femme à réaliser des films au Burkina Faso, parmi eux, des courts, des moyens et plus tard des longs métrages. FilmInitiativ a projeté dans le passé cinq de ses films et la réalisatrice est déjà venue à plusieurs reprises présenter personnellement ses œuvres à Cologne dans les années 1990. Parmi celles-ci, le court-métrage LE TRUC DE KONATÉ (1997), qu'elle a réalisé afin « d'informer sur un fléau actuel », « la maladie du SIDA qui menaçait d'éradiquer toute l'Afrique ». En effet, Fanta Régina Nacro considérait ses films comme des contributions à la prise de conscience sur des questions de santé, du genre et d'égalité des droits. À cet effet, elle a sillonné le Sahel avec un cinéma itinérant afin de pouvoir projeter ses films dans les villages les plus reculés.
S'il y a un court-métrage qui ne doit pas manquer dans l'histoire des cinémas africains, c'est bien LE DAMIERde Balufu Bakupa-Kanyinda, sorti en 1996. Dans le générique de ce film, le pays d'origine est le « Zaïre », c'est ainsi que s'appelait encore la République démocratique du Congo sous la dictature de Mobutu. Et c'est précisément de l'autocrate tout-puissant Mobutu Sese Seko dont il est question dans ce huis clos empreint de dérision, même si son nom n'est jamais mentionné. Après tout, il pourrait s'agir de n'importe lequel des nombreux « présidents autoproclamés à vie », lorsque la voix du peuple s'élève - comme ici au jeu de dames - contre l'autocratie des dirigeants. FilmInitiativ a projeté six des courts et longs métrages de Balufu Bakupa-Kanyinda. Après sa première visite en 1996 avec LE DAMIER, le réalisateur congolais est revenu à Cologne vingt ans plus tard pour y présenter son long métrage JUJU FACTORY.
Les cinq courts métrages du programme LES PERLES offrent ainsi l'occasion de découvrir des époques et des œuvres importantes des 30 ans d'histoire(s) et de programmation du Festival du Film africain de Cologne.
 
HISTOIRE(S) DES FESTIVALS
L'importance des festivals pour le développement, la promotion et l'état actuel des cinémas africains seront abordés à l'occasion de cet anniversaire avec la projection de deux documentaires de Mohamed Challoufportant sur les deux festivals de cinéma les plus importants du continent africain. Avec TAHAR CHÉRIAA - L'OMBRE DU BAOBAB, le réalisateur tunisien a rendu un hommage cinématographique à Tahar Chériaa, fondateur des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) à Tunis. Les JCC existent depuis 1966 et ont été dès le début un point de rencontre central pour les fondateurs·rices des cinémas indépendants en Afrique. Le Sud-Africain Lionel Ngakane, dont le classique JEMINA & JOHNNY date également de 1966, en faisait partie. Ce court métrage de fiction, tourné en exil en Grande-Bretagne, est un plaidoyer cinématographique contre le racisme au quotidien qui n'a rien perdu de sa pertinence un demi-siècle plus tard. 
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, connu sous l'abréviation FESPACO, a été créé en 1969, trois ans plus tard seulement. Ce Festival panafricain, devenu entre-temps le plus important, a lui aussi commencé par une petite sélection de films présentés à Ouagadougou par des réalisateurs·rices originaires principalement d'Afrique de l'Ouest. Depuis, tous les deux ans, des centaines de cinéastes de toutes les régions d'Afrique, des milliers d'invités·ées venant des quatre coins du monde et des centaines de milliers de cinéphiles se pressent dans les salles et les cinémas en plein air de la capitale du Burkina Faso. Le FESPACO a connu un tournant dans les années 1980 sous le président révolutionnaire Thomas Sankara, qui a changé le nom colonial de son pays « Haute-Volta » en « Burkina Faso », « Pays des hommes intègres », et a élevé le Festival au rang d'événement culturel national. Dans son documentaire OUAGA, CAPITALE DU CINEMAMohamed Challouf présente des images d'archives passionnantes de rencontres entre les invités·ées du Festival et le président Sankara peu avant son assassinat en 1987. Comme le montre le film, l'héritage politique et culturel de Sankara continue de vivre encore aujourd'hui.
À la suite de cette projection, une table ronde aura lieu en compagnie du réalisateur Mohamed Challouf, de la réalisatrice Dyana Gaye, du directeur du l'Africlap, le Festival des cinémas d'Afrique de Toulouse, Bernard Djatang, et d'un des fondateurs de l'AFFK, Karl Rössel. La table ronde portera sur l'importance des festivals en Afrique et ailleurs pour le développement et la promotion des cinémas africains, sur un état des cinémas en Afrique ainsi que sur le rôle du Festival du film africain de Cologne et de l'Africlap de Toulouse et enfin, sur la manière dont ces festivals pourraient soutenir les cinéastes africains·es dans le futur. 
 
2022 – 2052: LE FUTUR – VISIONS D'AFRIQUE(S)
Pour comprendre et réinventer le futur, il est indispensable de regarder vers le passé. Un pari qui a été difficile à tenir pour les deux cofondateurs de l'AFFK, Christa Aretz et Karl Rössel, de donner un aperçu, dans un programme aussi réduit, de 30 années de programmations et de rencontres autour des cinémas d'Afrique(s). Cette 19ème édition fut aussi pour l'équipe de FilmInitiativ un challenge. Après une coupure de budget, comme énoncé précédemment, préparer cette édition et se projeter dans l'avenir fut et reste un défi qu'essaye tant bien que mal de relever l'équipe de l'AFFK. Après 30 années de programmation, des bouleversements budgétaires et des changements dans l'équipe, l'AFFK regarde vers les 30 prochaines années. Est-ce que l'AFFK existera-t-il toujours en 2052 ? Irons-nous toujours au cinéma en 2052 ? Nous l'espérons ! 
Le thème central tourné vers l'avenir de cette 19ème édition «LE FUTUR – VISIONS D'AFRIQUE(S)» tombe ainsi à point nommé. Si le programme des CLASSIQUES démontre l'état d'esprit visionnaire des fondateurs·rices des cinémas africains indépendants, une sélection de films a été réunie par l'équipe de FilmInitiativ ainsi que par des programmateurs·rices autour de ce thème central pour donner un aperçu de la création cinématographique actuelle mais également des réflexions contemporaines sur l'avenir des cinéastes du continent africain et de la diaspora. 
La production artistique du continent africain et la diaspora tient une place grandissante dans la scène internationale. La réalisatrice Liz Gomis dédie par exemple un espace à l'effervescence créative des artistes en Afrique dans son magazine OFF TO. Lancé en 2020, il offre une perspective urbaine et artistique sur les capitales africaines à travers ceux et celles qui les façonnent. Le magazine se définit comme le « point de départ d'une conversation sur nos futurs ». 
Quant à l'industrie cinématographique africaine, elle est aussi toujours plus présente dans les festivals internationaux mais aussi sur le continent. Des initiatives panafricaines se développent pour soutenir et proposer de nouvelles approches, ainsi que de nouvelles trames narratives, comme l'organisation à but non lucratif STEPS, dont quelques films sont présentés cette année dans le programme, ou encore l'initiative DocA qui a pour objectif la création d'un écosystème durable pour la production de documentaires en Afrique. De nouveaux moyens pour produire entièrement des films en Afrique voient le jour, c'est le cas par exemple de l'initiative lancée par le réalisateur Alain Gomis, qui a ouvert en 2018 le Centre de Yennenga à Dakar au Sénégal. Ce centre crée ainsi un espace pour la postproduction des films en Afrique de l'Ouest qui jusque-là se faisait pour la grande majorité en Occident. Par ailleurs, le Centre de Yennenga forme aujourd'hui de jeunes talents africains aux métiers du septième art pour que tous les maillons de la chaîne cinématographique puissent se trouver à un niveau local ; essentiel pour le futur de l'industrie cinématographique locale. 
Ainsi, la sélection de films pour cette 19ème édition met en avant différentes perspectives de cinéastes d'Afrique et de la diaspora sur l'avenir d'un pays, d'un continent et plus globalement du monde. Si le passé et le présent y sont présentés, ces films ont souvent pour objectif d'amener à une réflexion pour la construction du futur.
La cérémonie d'ouverture sous l'égide du parrain de cette 19ème édition, Fradique, s'ouvre après un interlude musical avec la projection du court métrage À LUCY suivie de TUG OF WAR, le nouveau long métrage du réalisateur tanzanien Amil Shivji, anciennement parrain de l'AFFK lors de la 16ème édition. Au travers d'une histoire d'amour, le réalisateur revient sur le passé et la lutte contre la domination coloniale sur l'île de Zanzibar et ouvre ainsi le dialogue sur le passé pour mieux comprendre le présent. 
 
REGARDER VERS LE PASSÉ POUR COMPRENDRE LE PRÉSENT
Outre le programme pour (re)découvrir les CLASSIQUES des cinémas africains, plusieurs films sélectionnés cette année reviennent sur le passé pour donner des clés de compréhension pour le présent. C'est le cas du documentaire THE COLONEL'S STRAY DOGS, dans lequel le réalisateur Khalid Shamis revient sur la résistance contre le régime de Mouammar Kadhafi par le biais de son père Ashur Shamis qui y a joué un rôle central. Il remet ainsi en question les choix de cette ancienne génération face à la crise depuis la mort du dictateur. 
Il y a deux ans, lors des Journées cinématographiques de l'AFFK, le documentaire de Mehdi Lallaoui LES MASSACRES DE SÉTIF, UN CERTAIN 8 MAI 1945 était présenté. Le documentariste revenait sur les événements dramatiques en Algérie au moment même où les Alliées fêtaient la fin de la seconde guerre mondiale. Cette année, est présenté HELIOPOLIS de Djaffar Gacem, premier long métrage de fiction qui raconte ce drame. Au travers d'un conflit entre père et fils qui ont une approche différente face à la domination coloniale française, le cinéaste algérien revient sur les prémisses qui ont conduit aux massacres du 8 mai 1945 et qui marquent un tournant dans la lutte pour l'indépendance en Algérie. 
Dans ZIYARA, la réalisatrice franco-marocaine Simone Bitton part à la rencontre des gardiens·nes musulmans·es de la mémoire juive au Maroc. Le Maroc a connu en 1967 lors de la guerre des Six Jours un grand exode de la population juive marocaine. La réalisatrice montre au travers de saints communs à deux religions, une image différée de celle, qui est aujourd'hui largement diffusée, de division entre les confessions religieuses. 
Quant au nouveau long métrage de fiction UNE HISTOIRE D'AMOUR ET DE DÉSIR de la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid, il met en scène une histoire d'amour naissante entre Ahmed et Farah qui ont choisi d'étudier la littérature arabe classique du XIIème siècle. L'érotisme dans cette période de la littérature est méconnu de la nouvelle génération. En s'appuyant sur la tradition littéraire classique, la réalisatrice dévoile une certaine ignorance face à l'histoire et les traditions culturelles ainsi que la diversité des cultures arabes. 
 
CHANGEMENT DE PERSPECTIVES
L'équipe de FilmInitiativ sélectionne chaque année pour son programme des films réalisés par des cinéastes africains et de la diaspora et non des films réalisés sur l'Afrique. Cela est parfois synonyme de débats et de discussions dans l'équipe car des films peuvent être réalisés par des cinéastes venant de d'autres parties du monde sur l'Afrique et donner une perspective intéressante. Cependant, l'AFFK priorise dans son programme les films réalisés par des cinéastes du continent africain et de la diaspora afin de donner un espace pour promouvoir et partager leurs points de vue et non ceux véhiculés par l'Occident.
La question migratoire est par exemple souvent présentée avec la dichotomie Nord/Sud ainsi que de la perspective des pays occidentaux. L'organisation à but non lucratif STEPS (Social Transformation and Empowerment Projects) a mis en place en 2019 le programme « Génération Afrique » avec pour objectif de changer la trame narrative sur la migration par le biais de la réalisation de documentaires par des cinéastes africains·es. 25 documentaires, longs et courts métrages, issus de seize pays d'Afrique ont été réalisé avec le support de ce programme. En 2021, la réalisatrice Aïcha Macky avait reçu le Prix du public à l'AFFK pour son documentaire ZINDER, réalisé dans le cadre de ce programme. À l'occasion de la 19ème édition, plusieurs documentaires issus de « Génération Afrique » seront présentés en coopération avec la Deutsche Welle Akademie, partenaire de STEPS. 
Dans NO SIMPLE WAY HOME, la réalisatrice Akuol de Mabior documente l'histoire politique du Soudan du Sud au travers une approche personnelle, celle de l'histoire de sa famille et de sa mère Rebecca Nyandeng de Mabior, considérée comme la « mère du Soudan du Sud ». La cinéaste donne une nouvelle perspective sur les mouvements migratoires et l'exil de la population du Soudan du Sud. 
Dans le bus qui traverse une à une les frontières entre le Nigéria et Maroc, le réalisateur nigérian Ike Nnaebue retourne sur la route qu'il a emprunté, il y a 21 ans de cela. Dans NO U-TURN, le réalisateur donne la parole à des destins différents rencontrés sur la route vers les portes de l'Europe. Certains de ces destins rêvent d'un avenir meilleur, d'autres ne peuvent rentrer chez eux pour des raisons économiques ou pour empêcher une déception dans le cercle familial. 
Ainsi avant d'arriver au Maroc, au Sud du Sahara, THE LAST SHELTER, est un lieu de repos pour les migrants·es, qui récupèrent avant de continuer leur voyage. Dans ce documentaire, le réalisateur malien Ousmane Zoromé Samassekou dépeint un système migratoire cruel. 
De plus, dans la série des documentaires issus du programme « Génération Afrique », deux courts métrages montrent la migration sous un autre angle. RESTE DEBOUT (STAY UP), de Aïssata Ouarma, suit Mariam dans sa thérapie pour guérir des causes qui l'ont poussées à quitter sa famille et son pays. Dans NJEL, THE SEPARATION de Félix Mbog, la migration y est traitée du point de vue d'une petite fille dont les parents sont partis lorsqu'elle n'avait que 4 ans. 
De plus, 10 autres courts-métrages, proposant une autre perspective sur la migration, peuvent être visionné dans le cadre de l'exposition 10 VIEWS ON MIGRATION organisé en coopération avec la Fondation Rosa Luxemburg dans le cadre du Festival. 
Enfin, un pays, qui a subi un exode massif de la population, conséquence directe d'une grave crise politique, économique et sociale depuis de nombreuses années, est la République centrafricaine (RCA). Le documentariste Rafiki Fariala montre dans NOUS, ÉTUDIANTS ! une autre perspective de la RCA, celle de la jeunesse, de ses rêves et ses espoirs pour l'avenir de son pays. Le réalisateur y dénonce l'état d'abandon dans lequel se trouve le système universitaire et la corruption qui y règne. 
 
LE PRIX POUR LA DIVERSITÉ 
Cette année, un Prix pour la diversité sera décerné pour la première fois dans le cadre du Festival en coopération avec l'association KIOSK-Arts Exchange e.V. Ce prix d'une hauteur de 1000 euros a été rendu possible grâce au Fonds national de financement de la diversité NRW du ministère de la Culture et des Sciences du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. 12 films, longs et courts métrages confondus, issus de 11 pays, sont en lice pour le Prix. 
Être libre de choisir son orientation sexuelle ou son genre n'est pas encore, aujourd'hui en 2022, un droit acquis, que ce soit à l'échelle familiale, communautaire ou encore étatique dans de nombreux pays. THE ART OF SIN du réalisateur Ibrahim Mursal suit Ahmed Umar, un artiste queer soudanais exilé en Norvège. Levant le voile sur le tabou de l'identité sexuelle queer, ce documentaire dénonce la politique soudanaise où l'homosexualité est synonyme de crime et puni par la loi. 
La Première de BASHTAALAK SA'AT (SHALL I COMPARE YOU TO A SUMMER'S DAY), lors de la 72èmeédition de la Berlinale, a suscité de fortes polémiques et réactions en Égypte. Le réalisateur égyptien Mohammad Shawky Hassan explore sous la forme d'un film expérimental le discours amoureux queer. Par ailleurs, plusieurs courts métrages de cette édition abordent également le fait d'être et de vivre en tant que personne LGTBQIA+ dans des sociétés où le regard de celles-ci ainsi que du cercle familial affecte les libertés individuelles. C'est le cas de EGÚNGÚN, dans lequel Salewa retourne au Nigéria pour guérir d'une douleur qu'elle a emporté avec elle lors de son départ. Quant à PRAYERS FOR SWEET WATERS, il suit trois travailleurs·ses transgenres du sexe à Cape Town en Afrique du Sud. 
De plus, plusieurs courts métrages, qui seront projetés lors des deux Nuits du court DIASPORA SHORTS, questionnent la diversité des sociétés occidentales au travers des inégalités vécues par les personnes BIPoC. Le titre GRRRL JUSTICE en est évocateur. Dans ce court métrage, trois protagonistes, victimes de l'oppression systémique aux États-Unis, sont à la recherche de leur propre émancipation. En France, Laura comprend que les Noirs·es se doivent d'être IRRÉPROCHABLE, au risque de disparaître. Au travers une enfant, la réalisatrice Anaïs Lonkeu met en scène ainsi les inégalités de la société française. Dans MA NISHTANA (WHAT HAS CHANGED), un jeune soldat israélo-éthiopien se trouve confronté dans son quotidien à deux cultures. Enfin, dans une performance de la députée Joacine Katar Moreira avec le réalisateur Welket Bungué, MUDANÇA aspire aux changements de la société portugaise. 
Deux longs métrages de fiction sont aussi en lice pour le Prix pour la diversité, dont le long métrage HAUT ET FORT (CASABLANCA BEATS). Le réalisateur Nabil Ayouch y dévoile une jeunesse marocaine qui a soif d'émancipation et qui se veut porteuse de changement et de diversité culturelle dans une société conservatrice.
À la suite du travail de la réalisatrice égypto-américaine Dina Amer en tant que journaliste pendant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, elle réalise le long métrage TU ME RESSEMBLES. Au travers de la complexité de la quête identitaire et des conséquences de la mise à l'écart d'une personne de la société, la cinéaste invite le public à regarder au-delà des sentiers battus. 
Enfin, deux autres films traitent de la diversité en mettant en lumière la marginalisation des personnes ayant un handicap. C'est le cas du long métrage de fiction tunisien COMMUNION, dans lequel le réalisateur et personnage principal Nejib Belkadhi souffre pendant la pandémie d'un double isolement, physique et mental. Quant au court métrage sénégalais LA DANSE DES BÉQUILLES, projeté dans la Nuit du court ALL AROUND AFRICA, il dénonce les préjugés de la société face aux personnes souffrant d'un handicap. 
 
LE CLIMAT – NOTRE PRÉSENT ET NOTRE FUTUR
Depuis plusieurs années, l'AFFK met en place un programme autour du changement climatique à l'occasion du deuxième vendredi du Festival (23.09) en parallèle aux manifestations de Friday for Future. La question climatique est aujourd'hui dans le viseur de toute la planète. Tout autour du globe, des associations, des mouvements et des individus lancent des initiatives à différentes échelles pour le futur de notre planète. Outre le programme de courts métrages des CLASSIQUES, qui démontre que les cinéastes, déjà très tôt munis de leur caméra, avait essayé de sensibiliser les populations face à cette problématique, le documentaire MARCHER SUR L'EAU de la réalisatrice Aïssa Maïga sera projeté lors de cette journée de mobilisation. Actrice célèbre nommée au César en 2006 pour le meilleur espoir féminin pour son rôle dans le long métrage BAMAKO du réalisateur Abderrahmane Sissako, déjà projeté à Cologne à plusieurs reprises, Aïssa Maïga est aussi documentariste. Dans son long métrage documentaire, elle aborde le réchauffement climatique et ses conséquences dans le Nord du Niger où la vie de la population d'un village s'en trouve fragiliser dans son quotidien. Le changement climatique est dotant plus perceptible dans des régions où manquent les installations pour avoir accès à l'eau.
Par ailleurs, le documentaire FAYA DAYI de la réalisatrice d'origine mexicaine et éthiopienne, Jessica Beshir, dévoile une autre conséquence du changement climatique mais aussi de la situation politique en Éthiopie.
 
2052 : AFROFUTURISMES
De quoi aura l'air 2052 ? ou même 2072 ? L'ordre du monde sera-t-il bousculer ? Cette question, de quoi aura l'air le futur, est une question que se pose le courant afrofuturiste. Après les pionniers des années 1970, l'Afrofuturisme est en vogue dans les années 2000. On parle même d' « Afrofuturismes » au pluriel car il n'existe pas une seule et unique définition. Cependant, ils ont en commun de sortir des cadres imposés pour s'inventer un nouveau futur et de se servir de la technologie, qui avance à grands pas pour ce projet libérateur. Ce courant de pensée à traverser tous les arts, de la littérature à la musique, aux arts visuels, avec des figures majeures comme l'auteure afro-américaine de science-fiction Octavia E. Butler ou encore le Jazzman Sun Ra qui inspirent encore aujourd'hui les Afrofuturistes. En 1974, Sun Ra réalise le film « Space is the place », installé sur une autre planète avec son orchestre, il revient sur la Terre sous la forme d'un pharaon et y télétransporte les Noirs·es au travers de sa musique. 
« Maybe you're asking yourself, WTF is this ? Is it a poet's idea of a dream ? », c'est avec ces mots que commence le voyage interconnecté entre le passé, présent et le futur dans le long métrage NEPTUNE FROSTréalisé par les deux cinéastes Anisia Uzeyman et Saul Williams. Dans une lutte virtuelle contre le néocolonialisme, cette œuvre expérimentale transgresse toutes les frontières de la classe et du capital, du genre et du sexe, des puissants et des exploités. 
Quant au programme de courts métrages AFROFUTURISME, il dévoile des futurs tout aussi diverses les uns que les autres. CANDIDATS AU SUICIDE met en scène une société dystopique dans laquelle le sacrifice pour le bien commun est encouragé. Dans DIGGING, la clé de l'harmonie serait située dans la cohésion entre la terre et la culture. Quant au court métrage DARK MATTER du réalisateur Adeyemi Michael, il met en parallèle la découverte de matière noire avec la présence invisible des femmes noires dans le domaine scientifique. Dans un second court métrage THE FUTURE ISN'T WHAT IT USED TO BE, il dévoile l'état du monde en 2080. Les êtres humains ne peuvent plus habités sur la Terre mais un souvenir du passé va entrainer une nouvelle mission. Le voyage dans le temps est aussi présent dans le court métrage TWICE AS GOOD. Quant à X US, il embarque deux jeunes dans la colonisation d'une nouvelle planète.
 
 
LONGS MÉTRAGES DE FICTION – ACTUELS
Parmi les longs métrages actuels sélectionnés pour cette édition, THE GRAVEDIGGER'S WIFE du réalisateur somalien Khadar Ayderus Ahmed y tient une place particulière. Après une sélection à la Semaine de la Critique à Cannes en 2021, le cinéaste a reçu pour son premier long métrage l'Étalon d'Or de Yennenga au FESPACO en octobre 2021, lors de l'édition du FESPACO reportée à cause du confinement de février 2021. Le cinéaste réalise à travers le récit d'une histoire d'amour et d'une course contre la montre un éloge à la vie. La course contre la montre à laquelle se retrouve confronté le fossoyeur Guled, joué par l'acteur Omar Abdi, lève le voile sur un système de santé défaillant. 
À côté de l'Étalon d'Or du FESPACO 2021, quatre longs métrages de fiction, tous aussi loufoques les uns que les autres sont programmés à l'occasion cette 19ème édition. Tourné entre deux confinements, FRAGILE est une comédie romantique musicale de la réalisatrice franco-algérienne Emma Benestan. Dans ce long métrage, les huîtres, hermaphrodites par nature, ne sont pas que des crustacés. Pourquoi les comédies romantiques seraient-elles majoritairement centrées sur un personnage féminin ? La cinéaste inverse ainsi les rôles et questionne les représentations masculines dans le cinéma. 
Si les chagrins d'amour n'ont pas de genre, l'Amour, lui, n'a pas de frontière. C'est ce que souligne la comédie romantique ALOE VERA du réalisateur ghanéen Peter Sedufia. Cependant, pour faire disparaître les embuches qui pourraient se placer contre cet amour, il faudra choisir son camp. Sous couvert d'une comédie légère, le cinéaste aborde ici le poids des traditions. 
Pour finir, JUJU STORIES a été réalisé par le collectif nigérian Surreal 16, composé des trois réalisateurs Abba T. Makama, C.J. 'Fiery' Obasi et Michael Omonua. Divisé en 3 actes, il traite avec une grande ironie des pouvoirs surnaturels du juju et met en difficulté ses personnages qui voudront en user. Ce long métrage fera penser à deux fois à ceux et celles qui souhaiteraient s'aventurer à utiliser les pouvoirs du juju. 
 
LES NUITS DU COURT 
D'années en années, les nuits du court métrage sont très appréciées par le public, et pas que, mais aussi par les programmateurs·rices. Ils permettent de passer d'un sujet, d'un pays ou d'un genre à un autre en un clin d'œil. De ce fait, en plus des courts métrages des programmes CLASSIQUES et AFROFUTURISMEprésentés précédemment, 7 courts métrages issus de 6 pays, en passant du film d'animation à la fiction ou encore au film expérimental, seront présentés dans la Nuit du court ALL AROUND AFRICA pour donner un aperçu de la création cinématographique actuelle aux quatre coins du continent africain. 
Par ailleurs, deux Nuits du court sont organisées sous le titre de DIASPORA SHORTS en coopération avec quatre programmatrices basées à Cologne, Nancy Mac Granaky-QuayePamela AryehAzizè Flittner et Luzolo Kiangebeni. À l'occasion de ces deux Nuits, des courts métrages issus de la diaspora africaine ont été sélectionnés tout autour du globe. Cette sélection est l'occasion de faire un tour d'horizon dans la diaspora et voir les différentes perspectives de celle-ci. La réalisatrice Anaïs Lonkeu est invitée pour présenter son court métrage IRRÉPROCHABLE lors de la première Nuit du court de la section diaspora. Ce court métrage est aussi, comme indiqué précédemment, en lice du Prix pour la diversité. Pour la deuxième Nuit du court section diaspora, les réalisatrices Koku Musebeni et Anna Zhukovets sont invitées pour présenter leur court métrage afrofuturiste. THE DOOR OF RETURN met en scène deux femmes Noires sur Saturne en 2440 dont le passé résonne dans leur avenir.
 
NOUVELLES COOPÉRATIONS
Les rencontres pendant les festivals sont l'occasion d'échanger et de créer de nouvelles coopérations. Ces coopérations donnent à l'équipe de FilmInitiativ de nouvelles perspectives et approches qui enrichissent d'année en année le programme du Festival. Cette année, l'AFFK est en contact avec l'équipe du Mashariki African Film Festival de Kigali au Rwanda ainsi qu'avec Bernard Djatang directeur artistique de l'Africlap le Festival des cinémas d'Afrique de Toulouse en France. Les représentants de ces deux festivals feront le voyage pour assister à la 19ème édition. Par ailleurs, l'AFFK a l'honneur de présenter deux programmes réalisés en coopération avec de nouveaux partenaires pour les 30 ans du Festival.
Ainsi, en 2021, la projection de deux longs métrages du collectif angolais Geração 80 et la rencontre d'un des membres de ce collectif, Fradique, ont donné lieu à une coopération entre le collectif Geração 80, Beatriz de Medeiros Silva de l'Institut lusophone de l'Université de Cologne et de Camões – Instituto da Cooperação e da Língua et l'AFFK. Cette coopération est née avec l'idée qu'il était important de pouvoir proposer au public de Cologne un accès à plus de films lusophones dans sa programmation. De ce fait, les programmateurs·rices, Beatriz de Medeiros Silva et le collectif Geração 80 dont Fradique, présenteront un programme de films lusophones issus du continent africain et de la diaspora pour l'occasion de la 19èmeédition, dont une sélection de courts métrages, ainsi que des longs métrages documentaires et fictionnels comme THE LADY OF THE CHINESE SHOP réalisé par Ery Claver et le collectif Geração 80. Dans ce conte urbain déconcertant et envoûtant, le réalisateur angolais dénonce les manipulations grotesques auxquelles est confrontée la société angolaise. L'assistante à la réalisation Kamy Lara du collectif Geração 80 est aussi invitée pour la présentation de ce long métrage. Elle n'est pas inconnue du public du Festival puisque son premier documentaire, PARA LÁ DOS MEUS PASSOS (BEYOND MY STEPS), avait été projeté à Cologne en 2021. Enfin, le long métrage O PAI DA RITA (RITA'S FATHER) du réalisateur brésilien Joel Zito Araújo sera aussi projeté dans le cadre du programme lusophone. Le cinéaste met en scène une amitié de longue date entre deux hommes qui va se retrouver mise en danger face à un doute datant de la belle époque. 
Une seconde rencontre lors de la 18ème édition a été aussi décisive pour la mise en place d'une nouvelle coopération autour du programme scolaire. Cette rencontre fût celle avec les deux cinéastes Liz Gomis et Teddy Goitom, qui avaient alors présenter leurs séries documentaires respectives AFRICA RIDING et AFRIPEDIA. Ces deux séries documentaires avaient pour points communs de briser les préjugées sur le continent africain et de mettre en avant la créativité et la force de la jeunesse africaine. Cette année, à l'occasion de la 19ème édition du Festival, les deux cinéastes sont de retours et présentent cette fois-ci ensemble un programme scolaire comprenant la projection de courts métrages ainsi que des workshops destinés aux jeunes de la ville de Cologne.
 
L'EXPOSITION « 10 VIEWS ON MIGRATION »
Quatre courts-métrages réalisés dans le cadre du projet 10 VIEWS ON MIGRATION ont déjà été présentés lors de l'AFFK 2021. Ce projet filmique a été initié par le département Afrique de la fondation Rosa Luxemburg. Des réalisateurs·rices de dix pays africains ont été invités·ées à tourner des films sur le thème de l'exil et de la migration de leurs propres perspectives. Les œuvres qui en résultent sont de nature et de genre très différents - des documentaires dans le style d'un road movie, des portraits de migrants·es ou encore des réflexions expérimentales tournées en noir et blanc avec une caméra Super 8. Ils font référence à des chemins d'exil assez méconnus - comme celui de l'Éthiopie à l'Arabie saoudite en passant par Djibouti -, à des expériences migratoires de personnes en transit au bord du Sahara ou de personnes de retour après avoir été expulsées d'Europe. 
En raison du grand intérêt suscité par ce projet lors du Festival de l'année dernière, l'AFFK 2022 présentera non seulement tous les courts métrages du projet 10 VIEWS ON MIGRATION, mais aussi son développement. En effet, une exposition (itinérante) a vu le jour entre-temps. Les films peuvent être visionnés individuellement sur des écrans munis d'écouteurs et des panneaux informatifs avec des photos et des textes fournissent des indications sur les pays ainsi que sur chaque réalisateur·rice. Cette exposition nouvellement conçue fait son ouverture à l'échelle nationale à Cologne, et FilmInitiativ a loué à cet effet le hall d'exposition du Bürgerzentrums Alte Feuerwache. Le vernissage de l'exposition aura lieu le 13 septembre, en prologue du Festival. La programmatrice et organisatrice du projet, Hildegard Kiel, qui a longtemps travaillé pour la fondation Rosa Luxemburg en Tanzanie, est invitée à Cologne, ainsi qu'un des réalisateurs des courts métrages Mohammed Jadema de Gambie. Par ailleurs, Gina Hitsch, activiste de l'initiative Cologne Blacks/Be your future, sera présente lors du vernissage et parlera des expériences face à la migration marquées par le racisme d'étudiants·es africains·es qui se sont retrouvés·ées à Cologne en fuyant la guerre en Ukraine. Enfin, l'artiste camerounais Jerry Helle, vivant entre les États-Unis et Rotterdam, fait aussi partie des invités lors du vernissage. Ses peintures sur des thèmes tels que le postcolonialisme, le sentiment de se sentir chez soi ainsi que d'appartenance seront également exposées dans le cadre de l'exposition 10 VIEWS ON MIGRATION.
 
ALINE FRAZÃO EN CONCERT POUR L'AFFK
Après la cérémonie de clôture de cette 19ème édition et pour fêter tous ensemble les 30 ans de l'AFFK, un concert est organisé dans le cadre du Festival avec l'artiste et chanteuse Aline Frazão. Elle n'est pas inconnue du public de Cologne, sa musique avait transporté et envoûté l'année dernière toute la salle du cinéma lors de la projection du long métrage AIR CONDITIONER, réalisé par Fradique avec le collectif Geração 80, dont elle a réalisé la superbe bande sonore. 

Renseignements / Lieu


Retrouvez notre programme et les tarifs sur notre site internet: https://afrikafilmfestivalkoeln.de/fr/start





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