L'avenir du cinéma algérien : un écran noir ?

LETTRE OUVERTE AU MINISTÈRE DES ARTS ET DE LA CULTURE
  • L'avenir du cinéma algérien : un écran noir ?
Genre : Divers
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv
Mois de Sortie : 2022
Publié le : 20/09/2022

Madame la Ministre,


Nous, cinéastes algérien.ne.s, vous avons adressé le 2 juin 2022, [un courrier vous alertant] sur le péril que représentait la suppression brutale du fonds de financement public du cinéma algérien ("Fdatic") pour la création cinématographique nationale.


Nous avions demandé, à cette occasion, à vous rencontrer. Vos services nous ont assuré.e.s qu'une réunion serait organisée rapidement.



Malheureusement, à ce jour, trois mois plus tard, aucune date de réunion ne nous a encore été communiquée, malgré de nombreuses relances de notre part.



Étant celles et ceux qui imaginons, racontons et mettons en scène les histoires, nous demandons à être associé.e.s aux réflexions qui concernent les perspectives d'avenir de la politique nationale du cinéma.



L'avenir du cinéma algérien peut-il se faire sans ses cinéastes ?



Par ailleurs, nous avons pris acte de votre communiqué du 17 août 2022, et bien qu'il ne mentionne pas encore l'instauration d'un nouveau fonds public de financement, vous annoncez, entre autres, la restauration provisoire de la dernière commission de lecture du Fdatic par une prolongation de son mandat, l'ouverture d'un dépôt pour de nouveaux projets et le règlement des dernières tranches de financement de certains films.



Nous saluons avec un enthousiasme sincère ces annonces et le travail que vous et vos services déployez pour permettre au septième art algérien de continuer d'exister.



Néanmoins, ces annonces n'éludent pas nos questionnements, déjà détaillés dans notre lettre ouverte, et soulèvent d'autres interrogations comme suit :

- A quelle date les films laissés en souffrance suite à la suppression du Fdatic seront-ils véritablement soldés : ceux dont toutes les tranches n'ont pas encore été réglées (dont "Akhira. La Dernière Reine" de Adila Bendimerad et Damien Ounouri, pour ne citer qu'n exemple parmi tant d'autres) ? Ceux agréés par la commission de mars 2020 et non encore ratifiés ("Cigare au Miel" de Kamir Aïnouz) ?



- Quand la prochaine commission de lecture de scénarii aura-t-elle lieu pour statuer sur les projets déjà déposés aux dernières commissions de 2021 et qui restent, à ce jour, bloqués (tels que "Roqia" de Yanis Koussim, "Poupiya" de Yacine Bouaziz, "Dactylo" de Osama Rai) ?



- Pour combien de temps cette commission de lecture est-elle prolongée ?



- Quand un nouveau fonds ou mécanisme de remplacement du Fdatic sera-t-il enfin instauré ? De quel montant sera-t-il doté ?



Sans réponses tangibles à ces questions, notre cinéma ne peut pas se projeter.



Le cinéma algérien représente son pays et son peuple, sur la scène nationale et internationale. La semaine dernière encore, à la Mostra de Venise, l'un des plus grands rendez-vous du cinéma mondial, cinq ans après la sélection des "Bienheureux" de Sofia Djama et deux ans après la sélection de "Cigare au Miel" de Kamir Aïnouz, nos cinéastes ont de nouveau porté haut et fort les couleurs de notre pays : Damien Ounouri et Adila Bendimerad avec leur film "Akhira. La Dernière Reine" a été projeté en compétition officielle dans la sélection Giornate Degli Autori. Sofia Djama a eu l'honneur d'être membre du jury de la sélection Orizzonti. "Lumière Noire" de Karim Bensalah a été primé cinq fois dans le cadre de l'atelier Final Cut.



Notre cinéma lutte pour continuer d'exister, de manière libre, puissante, unique, comme il le fait depuis des décennies, pour raconter nos histoires, à notre façon, avec nos personnages, pour notre public !



C'est pourquoi, Madame la Ministre, nous vous alertons, une nouvelle fois, sur la menace qui pèse sur le septième art algérien : huit mois après la suppression du Fdatic, si un nouveau fonds de financement public du cinéma n'est pas rapidement instauré et que les mesures annoncées ne sont pas concrétisées en étant chiffrées et datées, l'avenir du cinéma algérien se projettera sur un écran noir.





Le Collectif des Cinéastes Algérien.ne.s



Kamir Aïnouz

Mohamed Benabdellah

Adila Bendimerad

Karim Bengana

Karim Bensalah

Yacine Bouaziz

Yasmine Chouikh

Sofia Djama

Fayçal Hammoum

Dorothée Myriam Kellou

Malek Kellou

Yanis Koussim

Nadir Moknèche

Damien Ounouri

Osama Rai

Lyes Salem

Amin Sidi-Boumédiène

Lina Soualem

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