L'universel ? Dialogues avec Senghor

Résidence de plasticiens à Joal-Fadiouth
  • L'universel ? Dialogues avec Senghor
Contact Laurent Le Sergent Face à Face 8, rue Chateaubriand 59800 Lille Tél. : 01 42 79 08 49 / 06 62 87 88 26 Oumar Sall - Groupe 30 Afrique, Tél. : (221) 552.73.37/ (221)827.31.02 Fax : (221) 827.49.77
Pays principal concerné : Rubrique : Arts plastiques
Mois de Sortie : Novembre 2003
Publié le : 11/04/2003

Le projet
Léopold Sédar Senghor nous a quittés le 20 décembre 2001. Président-soleil de l'indépendance sénégalaise, il nous a laissé une œuvre poétique, ses chants d'ombres , et des écrits théoriques sur la culture et la politique. Il a réfléchi, l'un des premiers, sur une civilisation de l'universel dont la "négritude"est à la fois fondatrice et héritière. L'universalité, qu'il appelle de ses vœux et qu'il pressent au lendemain des décolonisations, prend sa nécessité dans l'interdépendance économique toujours plus grande des peuples. "Nous sommes jetés les uns sur les autres… Mais malgré les guerres, nous sommes bien obligés de dialoguer, de négocier, d'organiser, ensemble, entre peuples, notre région, notre continent, notre planète terre. Donc par nous et malgré nous s'élabore depuis le début du XX siècle, une civilisation de l'universel, où chaque continent, chaque race, chaque peuple apporte une contribution positive."
Senghor prononçait ces phrases en 1966 à l'occasion de l'inauguration du premier festival mondial des arts nègres. Dans le contexte de la mondialisation de l'économie et des échanges, la notion de l'universel formulée par le président-poète se pose avec plus d'acuité encore. C'est à un dialogue avec Senghor que Face à Face entend convier des artistes du monde entier.

"Joal, je me rappelle"
Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal-Fadiouth en pays sérère. Découvert au 16 siècle par les Portugais, Joal, avec Rufisque et Portudal, fut l'un des tout premiers comptoirs européens de l'Afrique de l'Ouest. Le village, relié par un pont de bois à l'île de Fadiouth, doit son nom à cette rencontre avec des commerçants portugais, à cette seconde mise au monde, celui des échanges marchands intercontinentaux.
Au fil des siècles, malgré la traite des esclaves, en dépit des bouleversements coloniaux, Joal construit une culture de tolérance et de vivre ensemble. L'islam et le christianisme se sont établis en bonne intelligence sur la terre des antiques croyances sérères. Nul doute que cette image de Joal ait marqué profondément l'imaginaire et la conception senghorienne du dialogue des cultures.
La civilisation de l'universel est peut-être née en ce lieu précis de la petite côte, d'un souvenir d'enfance ;elle est aussi très certainement pour l'enfant devenu homme une croyance nécessaire, une foi, un appel.

Une résidence d'artistes à Joal
"Si Sédar avait eu ces funérailles sérères, il y aurait eu tant à voir de rythmes et de couleurs qui vous rappellent que la disparition d'un patriarche sérère n'est pas tant que ça une occasion pour des larmoiements." Jean Meïssa Diop/ Wal Fadjiri
Il ne s'agit pas de rééditer un petit festival mondial des arts nègres, mais de convier des artistes du monde entier à une situation de dialogue, à un "Banquet"au sens qu'a donné Platon à ce mot, sur le thème de l'Universalité. Si dialogue il y a,ce sera non seule-ment entre les artistes invités mais aussi avec nos hôtes, les habitants de Joal. L'exigence est de réunir des créateurs travaillant en intérieur comme en extérieur dans des situations de rencontre avec la population de Joal et avec d'autres artistes, de cultures et d'horizons différents.
Investir les lieux de Joal, la brousse environnante, l 'atelier-galerie du collectif Huit Facettes-Interaction (cf. artistes invités), le domaine de NGazobil, le port de pêche, une école ou le centre culturel Léopold Sédar Senghor. Un travail de repérage logistique en concertation avec les artistes est nécessaire en amont de la résidence. Pendant la session, un groupe d'étudiants de l'Ecole des Beaux-Arts de Dakar assistera les artistes invités qui le désirent dans un rapport de compagnonnage.

Les artistes invités
Deux critères président au choix des artistes conviés à ces dialogues : la démarche artistique est évidemment l'exigence première. Les artis-tes sont choisis en fonction d'une démarche qui peut être de nature politique, écologique, ou social et intervenir sur des supports et des territoires les plus divers.
Eu égard au thème de cette rencontre, une histoire et géographie de l'idée d'universel, en rapport avec la globalisation et les rapports Nord/Sud notamment, sont présentes en creux dans cette sélection : La région du Nord-pas-de-Calais, particulièrement, la ville de Lille ont tissé avec le Sénégal des liens historiques très forts qui remontent au début de la colonisation française avec Faidherbe. L'île de la Réunion a construit une tradition très vive de métissage donnant naissance à un créole. Le Portugal dont les navigateurs ont exploré les premiers les côtes africaines a installé dès le 16e à Joal un comptoir commercial. Quelques vestiges de cette période ont subsisté. La toponymie ou les noms de familles de la région ont gardé trace de cette présence. La Palestine, ex-territoires autonomes et terra incognita du droit international, voit reporter son droit à l'autodétermination de décennie en décennie depuis la fin de la domination turque : l'un des points aveugles de l'idée d'universel. Haïti célébrera en 2004 le bicentenaire de la république Haïtienne. La première république noire de l'histoire universelle a une valeur d'exemplarité.
Les artistes ne sont ni les ambassadeurs, ni les représentants de ces parties de la planète. Ils sont témoins et acteurs de leurs cultures pour ce qui est d'abord envisagé comme une rencontre artistique et interculturelle.
Le collectif d'artistes sénégalais Huit Facettes-Interaction implanté à Dakar et à Joal-Fadiouth est le principal partenaire artistique du projet.
"Huit Facettes-Interaction"existe depuis 1995. L'association a pour objet d'œuvrer dans le sens :
d'une décentralisation de la culture par la mise en place de nouveaux pôles de développement culturel, économique et social (en zone périurbaine ou en zone rurale)
de contribuer à l'essor et au développement des industries culturelles et de loisirs, en tant que moyens d'expression, de communication, d'éducation et de rapprochement des hommes et des cultures.
des échanges Nord-Sud et Sud-Sud par l'accueil en résidence ou par des workshops d'artistes d'horizons divers.
d'acquérir et d'animer un lieu de visibilité et de cristallisation culturelle

Elle regroupe les artistes peintres et plasticiens : Abdoulaye Ndoye, Fode Camara, Amadou Kane Sy, E l , Cheikh Niass, El Hadj Sy, Jean Marie Bruce, Muhsana Ali et Momar Lyssa Ba (administration)

Organisation de résidence… et participation
Les ateliers de Hamdallaye (1996) en collaboration avec l'ONG belge flamande Vredeseilanden
Les ateliers internationaux d'arts plastiques de Joal-Fadiouth (1998) :workshop regroupant des artistes belges, français et sénégalais

Exposition et conférences de Huit Facettes Interaction
"Huit Facettes-Interaction"/Galerie Ronald Reagan International Trade Center (Washington).

Conférence au Smithsonian Museum of African Art à Washington D.C.(2000)
Biennale de Dakar (Dak'art 2002)
Documenta 11

Ont également accepté l'invitation les artistes suivants :
Maria-Thereza Alves, artiste brésilienne, questionne par son travail les notions de trace et de frontière. Elle a exposé entre autres aux Biennales de la Havane, de Venise et à la Villa Médicis.
Jack Beng Thi, artiste réunionnais qui travaille sur le paysage, a exposé aux biennales de la Havane et de Uppsala.
Jimmie Durham, écrivain et plasticien cherokee, a longtemps milité pour la défense du droit des Indiens. Il a connu Senghor avec qui il travaillait à la Commission des Droits de l'Homme. Depuis 1994, i l s'est installé en Europe où il a eu de nombreuses expositions personnelles dans des institutions d'art contemporain
Ludovic Linard, plasticien, membre du collectif dunkerquois la Plate Forme, a travaillé plusieurs années au Département de Sensibilisation de l'Ecole Régionale des Beaux-Arts de Dunkerque. Son travail artistique a été récemment très influencé par un long séjour à Bamako.
Myriam Mihindou, sculpteur et photographe gabonaise. Après avoir passé huit ans à La Réunion, elle vit actuellement à Alexandrie. Elle a participé aux Rencontres Africaines de la Photographie à Bamako (2001)

Taysir Batniji, né à Gaza peu avant l'occupation des territoires palestiniens en 1967, fonde sa réflexion ainsi que sa pratique plastique sur les notions d'identité (palestinienne, individuelle et collective), de disparition existentielle à travers la représentation de l'absence, d 'exil. Taysir Batniji ne se réclame pas d'une discipline particulière : il développe une pratique pluridisciplinaire (peinture, assemblage d'objets, installation, photographie, vidéo) .

Marie-Noëlle Boutin, photographe lilloise, questionne la notion de représentation du paysage, essentiellement à travers des lieux marqués par l'activité humaine (zone portuaire, site industriel, paysage urbain). Elle a par ailleurs animé de nombreux ateliers de sensibilisation à la photographie et a effectué un court séjour au Burkina Faso.
Anri Sala,vidéaste albanais vivant en France, ancien élève du studio national d'art contemporain du Fresnoy, a représenté la participation française à la dernière Biennale de Sao Paulo.
Frédéric Bruly-Bouabré, artiste ivoirien a également été sollicité et doit très prochainement confirmer sa participation.
La liste n'est pas exhaustive et plusieurs autres artistes s'y ajouteront.

Joal toujours…
D'une manière générale, un travail de réflexion et de concertation a été engagé sur l'inscription du projet dans le tissu culturel et économique de Joal, car s'il est vrai que la ville a déjà accueilli en 1998 un atelier international d'artistes, la réappropriation reste un enjeu toujours renouvelé. Cette réappropriation passe par la réalisation d'ac-tions de médiation et par l'affirmation de l'identité culturelle de Joal.

L'Océane, la radio locale très écoutée en langue sérère, permettra de relayer l'information auprès de la population de Joal et de sa région et contribuera à son implication dans les projets artistiques collectifs ainsi que dans l'organisation d'un concert de clôture au Centre de lecture et d'animation culturelle. La grille des programmes fera ainsi une large place à des entretiens avec les artistes, à des débats et à des mini reportages sur les projets en cours et sur les festivités préparées à cette occasion (soirée poésie dans la mai-son natale de LSS, tournoi de lutte...).
La valorisation de l'identité historique et culturelle de Joal s'avère tout à fait pertinente dans le contexte de la décentralisation culturelle. Joal, comme bon nombre de localités rurales au Sénégal souffre d'un fort enclavement économique et culturel. Les premières propositions concernent la création d'un site web, la formation de webmestres, la participation de Joal au réseau internet d'information culturelle Région'art mis en place par le groupe 30 Afrique, ou encore la collecte par des collégiens du patrimoine culturel immatériel de Joal en collaboration avec des guides de l'association de tourisme. Une structure réunissant la cellule locale de développement de Joal (association para-municipale) et le groupe 30 Afrique s'est mise en place pour alimenter ces propositions.

Le catalogue
Nous accueillerons trois artistes dont la présence à cette résidence est plus directement liée à l'édition d'un livre-catalogue sur ces dialogues.
L'art poétique de Senghor, comme sa pensée politique, est marqué par des désirs de convergence, de synthèse. Le militant a affirmé une présence africaine dans la République blanche des lettres et des arts ;l'homme politique a voulu favoriser l'émergence d'une création plastique au Sénégal, le poète a introduit la cora, le balafon et le chant dans des pièces mêlant les traditions grecques aux mélopées sérères. Plus qu'un catalogue, les dialogues avec Senghor présenteront des voix d'artistes, plasticiens, photographe, écrivain et musicien.

Un reportage photographique
Un photographe sénégalais nous proposera un regard original sur ces moments de création partagée.

Une résidence musicale
Le concept d'universel est en partie hérité du mouvement humaniste, pensée contemporaine de ce que l'Occident appelle "les grandes découvertes", parmi lesquelles il faut évidemment citer l'invention de l'imprimerie et la rencontre des nouveaux mondes. L'art du griot nous apportera un témoignage d'universel de la culture orale. La tradition musicale sérère est riche de musiciens extraordinaires. Propositions : Nicolas Sarr chante en langue sérère des ballades qui nous semblent étrangement familières, genre ayant des ancêtres communs avec la musique blues. Carnet de route musical de la résidence ? Dithyrambe ? Chants sur le monde comme il va ? Ou tout à la fois ? On ne sait pas… Un concert sera donné à la fin de la résidence.

Une commande à un auteur
Pas de textes critiques. Il s'agit avant tout d'une rencontre d'artistes, d'accrochage des imaginaires. Nous avons contacté Daniel Foucard, auteur de Peuplements (Al Dante) et de Container, traité de remplissage (Sens et Tonka), petits récits frictionnels de Yacoutie et d'Australie sur la standardisation universelle.

La restitution
Un choix des œuvres réalisées pendant la résidence sera présenté dans le cadre d'une exposition itinérante auprès des villes et institutions partenaires du projet. Œuvres, projets artistiques à venir, films, débats, performance rendront compte de la richesse de cette entreprise.
La communauté urbaine de Lille et la ville de Dunkerque (l'école régionale des Beaux-Arts et la Plate Forme) accueilleront la restitution dans le cadre "capitale culturelle européenne en 2004".Suivront la Réunion (l'artothèque) et Lisbonne (en partenariat avec l'Institut culturel français et la Fondation Gulbenkian).

L'organisation de la résidence,
les principaux partenaires
Face à Face est une association française (loi 1901) dont le siège social est à Lille. Nous créons et développons des projets d'échanges culturels internationaux avec le souci de réunir et de confronter les compétences et les sensibilités de chacun autour d'une idée simple et pertinente. Le nom même de Face à Face en est le symbole et oriente sensiblement notre façon de travailler. "Avec qui voulez-vous lutter ?", notre premier projet, a fait partir sur les routes du Sénégal une caravane de lutteurs toubab pour y défier les lutteurs traditionnels. Parce qu'elle appartient aux traditions de tous les peuples du monde, la lutte offrait cette chance extraordinaire de pouvoir rencontrer l'autre sans détour, sans mensonge et sans artifice. La richesse culturelle de la lutte au Sénégal a permis également que se construisent et s'imbriquent différentes pratiques artistiques autour d'elle. Un journal de bord littéraire, un site Internet, une fresque, une exposition photographique et un film documentaire sont nés de cette rencontre.

Face à Face oriente actuellement ses actions dans deux directions qui toute deux mettent en avant le dialogue des cultures : un cinéma itinérant en Afrique de l'Ouest et la production de documentaires, d'une part, et la mise en place de résidences artistiques interculturelles en milieu rural, d'autre part. L'organisation des ateliers, la production de la restitution, son itinérance en France et en Europe sera assurée par l'association Face à Face en collaboration avec Marie-Thérèse Champesme, responsable artistique du projet

Le groupe 30 Afrique est une association sénégalaise qui œuvre sur le terrain des échanges culturels interafricains et nord/sud. Pour répond-re à sa mission de soutien à la création contemporaine et aux créateurs du Sud, le Groupe 30 Afrique a entrepris la création d'un Site Internet : http://www.ifrance.com/group30afrique/

Ce site est destiné :
aux institutions du Nord en vue de les accompagner dans leur recherche d'information sur la culture et les créateurs africains
à élargir l'accès à l'information pour le créateur africain par la redistribution de l'information collectée au moyen de bulletins d'information gratuits (mensuel MEDI'ART et bimestriel PA PAYE)
Ainsi, le groupe 30 apporte un appui aux créateurs en se posant en médiateur entre ces derniers et les éventuels partenaires extérieurs
L'organisation logistique en amont, la direction artistique et la production du volet musical, enfin la préparation de l'exposition et de la communication du projet à Dakar, seront assurées par le Groupe 30 Afrique

L'Université du Littoral
La responsabilité artistique du projet est assurée par Marie-Thérèse Champesme, enseignante à l'Université dans la filière "Conception et mise en œuvre de Projets Culturels".Des étudiants de cette filière participeront à l'organisation de l'exposition dans la Région Nord-Pas de Calais, en relation avec l'Atelier Culture de l'Université,

l'Ecole Régionale des Beaux-Arts et l'Association La Plate-Forme. Ils assureront un travail de coordination (avec les artistes et les différents partenaires),de communication, et de médiation envers le public

L'Atelier Culture, qui organise régulièrement à Dunkerque, Calais, Boulogne et Saint-Omer des manifestations culturelles diverses (spectacles, conférences, expositions) ainsi que des ateliers de pratiques artistiques, souhaite présenter l'exposition "L'Universel ? Dialogues avec Senghor" au Fort des Dunes de Leffrinckoucke. Situé en bord de mer, à l'écart de la ville, le Fort des Dunes permettrait d'offrir aux artistes un lieu assez vaste pour accueillir à la fois une grande exposition collective et d'autres activités liées au projet : projections, lectures, conférences et table ronde

Calendrier
2002 : repérages organisation + repérage documentaire
Octobre 2003 : repérages artistiques (1 semaine)
Novembre 2003 :résidence à Joal-Fadiouth (1 mois)
Janvier 2004 : circulation de l'exposition "L'universel ? Dialogues avec Senghor"(ENSBA Dakar, CCF …)
2004-2005 :circulation de l'exposition en France (Lille, la Réunion…) et au Portugal

La communication
Une conférence de presse réunissant la presse nationale sénégalaise sera organisée à Dakar en ouverture de la résidence. Par ailleurs, des partenariats sont actuellement envisagés avec un quotidien généraliste français (Le Monde, Le Figaro…) et Africultures.

Partenaires

  • Arterial network
  • Media, Sports and Entertainment Group (MSE)
  • Gens de la Caraïbe
  • Groupe 30 Afrique
  • Alliance Française VANUATU
  • PACIFIC ARTS ALLIANCE
  • FURTHER ARTS
  • Zimbabwe : Culture Fund Of Zimbabwe Trust
  • RDC : Groupe TACCEMS
  • Rwanda : Positive Production
  • Togo : Kadam Kadam
  • Niger : ONG Culture Art Humanité
  • Collectif 2004 Images
  • Africultures Burkina-Faso
  • Bénincultures / Editions Plurielles
  • Africiné
  • Afrilivres

Avec le soutien de