Negr’ Djamile : Rap conscient ? Non, rap à conscience !

Si ce n'est que son premier single, ça indique clairement l'élan de sa carrière à construire.  Un point de départ qui, d'emblée, place son auteur dans la troupe des rappeurs à identité. A la fois épicé de sa révolte, de sa foi (probablement aveugle), de son histoire individuelle, « Tia » est fortifié par une écriture mordante et acerbe. Le thème n'est pas nouveau : l'Afrique, mais le traitement lui, l'est totalement. Et ce n'est pas parce que l'artiste indexe les africains sur leur propre situation que ça l'est, mais surtout parce qu'il nous questionne : « Comment luire/ Si on ne réfléchit que nos fautes ?/ ». On sort ainsi de la célébration ou de l'accusation toute gratuite de l'Afrique et on rentre dans une sorte d'exigence aux africains à accepter même le plus mauvais en eux-mêmes, pour espérer un quelconque développement partant d'eux-mêmes. En cela la voix câline de Ariss Deston est intransigeante : « Mini Kplon mi dé sou/ Mini Blo mi dé sou/ Bo yi mi dé sou ». Apprendre donc par soi-même, faire par soi-même, défaire peut-être même par soi-même ?, et sans doute devenir soi-même. Voilà ce à quoi semble nous inviter Negr' Djamile. D'ailleurs n'entend-on pas en off au deuxième couplet : « Baisse tes mots/ N'accuse pas que l'Occident/ Gifle-toi/ Tu ne parles d'Afrique/ Que d'accidents// » ? Toutefois, ce qui fait précisément la différence de ce son, c'est l'univers musical dans lequel le rappeur nous plonge. C'est pourquoi il ne faut pas être surpris d'entendre balafon et flute dans ce single ; car pour Negr' Djamile, les sonorités Wassanguèri ont de l'importance. Par contre, soyons surpris ! Surpris de constater que le titre étant en Batonnou, que les refrains soient en Fongbe. Surprise mais satisfaisant ! Car ainsi, l'artiste nous prouve, tel qu'il le prétend souvent sur son facebook : Il n'y a de frontières que dans nos têtes… Alors Negr' Djamile : Rap conscient ? Non, rap à conscience !