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D'emblée, la musique vous attrape par les pieds. Ça secoue de haut en bas, ça remue dans tous les sens. Une musique aux accents typiques de la communauté afro lusophone, cordes sensibles et percussions agiles, mais qui n'est pas sans rappeler les manières de dire, de chanter, de jouer, de la sphère mandingue. Et puis, au détour d'une phrase, des claviers en versions latines, ou encore plus loin, une introduction qui n'est pas sans évoquer les ambiances moirées d'un fado. Où est-on ? En Guinée-Bissau, autre "petit pays" pour paraphraser la Capverdienne Cesaria Evora, une grande terre qui résonne de toutes les influences qui l'ont traversé. Un chapelet d'îles et une bande de terrain, encastrée le long de la côte d'Afrique de l'Ouest, coincée entre la Guinée et le Sénégal. A peine plus d'un million d'habitants, tout juste 36 000 kilomètres carrés, mais pas moins d'une bonne vingtaine d'ethnies, avec chacune ses particularités socio-historiques? La Guinée-Bissau est une terre de créolité, cette culture de l'entre-deux, ce point de connexion de l'entre tous. Le Kriole y est d'ailleurs langue usuelle, dialecte vernaculaire que l'on pratique dans ce pays peuplé de métis. "Unité, lutte et progrès", telle en est la devise. Tout un programme.
Jacques Denis