Raymond Chasle

Raymond Chasle
Ecrivain/ne, Poète
Pays principal concerné : Rubrique : Théâtre, Cinéma/tv, Littérature / édition

Raymond Chasle (1930 - 1996)

C'est l'heure de mourir
si je dois renoncer à mon pesant d'ombre
je ne veux pas réintégrer
la meute des sphinx...
(Raymond Chasle, in Le Corailleur des Limbes - Ed. Pierre Jean Oswald, 1970)


Le dimanche 24 mars 1996, Raymond CHASLE succombait à une crise cardiaque, quelques jours seulement après son retour à l'Ile Maurice où il devait être nommé à un poste de haute responsabilité par les autorités de son pays.
Né le 18 juillet 1930 à Brisée-Verdière (Ile Maurice), Raymond Chasle obtient sa licence de lettres à l'Université de Londres en 1953. Il enseigne le français et l'anglais de 1951 à 1958 et occupe, dans l'administration centrale, divers postes jusqu'en 1964, date à laquelle il est nommé Secrétaire de la Commission qui prépare la voie à l'indépendance jusqu'en 1968. Il est ensuite muté à l'Ambassade de Paris où il assure également la représentation de son pays à Paris auprès de l'UNESCO.
En 1972, il est muté à Bruxelles en qualité de Chargé d'affaires, puis est nommé en 1973 Ministre plénipotentiaire à Bruxelles et représentant permanent de Maurice auprès des Nations-Unies à Genève.
De 1976 à fin juillet 1993, Raymond Chasle a été Ambassadeur auprès de la CEE et de la Cour Royale de Belgique. Il a représenté également son pays auprès de la RFA, de la République Hellénique, des Pays- Bas, de l'Office des Nations Unies et d'autres organisations internationales à Genève et à Vienne. Il a participé pour son pays à de nombreuses conférences internationales en tant que principal porte-parole du Groupe des pays ACP lors des négociations du Protocole Sucre et de divers chapitres et textes fondamentaux (droits de l'homme, environnement, etc.) des Conventions successives de Lomé. Doyen des Ambassadeurs OUA et ACP à Bruxelles, Raymond Chasle a été le principal négociateur du volet de coopération culturelle et sociale introduit pour la première fois dans la Convention de Lomé III puis repris et élargi dans le Titre XI de la Convention de Lomé IV. Son combat inlassable pour la promotion des droits de l'homme et de la femme dans les ACP, ses talents d'écrivain, de polémiste et de poète, ont contribué à asseoir la renommée de ce grand diplomate du Sud dont la culture planétaire embrassait tous les champs des activités humaines.

Après s'être retiré de la diplomatie, il se consacrait au développement du dialogue interculturel au sein de la Fondation pour la Coopération Culturelle ACP/CEE, dont il était Secrétaire Général. Les stratégies mises en oeuvre depuis la création de la Fondation en 1986 ont eu pour objet de faire reconnaître la culture comme catalyseur du développement et de promouvoir les identités culturelles ACP, tant en Europe que dans les ACP.
Le constat d'échec notoire des programmes et projets de développement, l'accentuation des inégalités sociales et économiques entre le Nord et le Sud, et à l'intérieur de ces deux blocs, incitent à une remise en cause de ce qu'a été, jusqu'à présent, le développement. Un développement assimilé à la croissance et à l'accumulation des biens dans un environnement où continuent à régner le mercantilisme et l'ordre marchand, au détriment du bien-être des populations. Si l'on reconnaît le droit au développement, celui-ci doit avoir une finalité humaine et viser à l'épanouissement de l'homme dans toutes ses virtualités... et la culture doit être acceptée comme le catalyseur du développement.
Contre cette inversion des valeurs humanistes qui nous menace, avec son cortège de manipulateurs obscurantistes, Raymond Chasle avait engagé un combat de longue haleine pour la maîtrise culturelle du développement et la redécouverte d'un espace commun de compréhension et de dialogue entre les peuples qui se partagent la planète.
Dans cette perspective, il militait activement depuis de nombreuses années pour convaincre les instances communautaires, et certains responsables politiques plus ou moins réticents, d'adopter de nouvelles stra- tégies culturelles du développement qui ne soient pas de simples politiques de développement culturel, trop souvent assimilées à la production et à la diffusion de biens et services alors qu'il s'agit de favoriser un développement fondé sur l'homme et les valeurs qu'il exprime à travers sa propre culture.
Raymond Chasle n'a cessé de remettre en question les assertions d'experts et d'économistes patentés qui ne voyaient dans la culture des peuples du Sud qu'une manifestation exotique de leur inaptitude à prendre en marche le train du développement occidental. Il écrivait à cet égard : "La prise en compte effective des facteurs culturels et sociaux dans les stratégies, les plans, les programmes et projets de développement, constitue une exigence fondamentale à défaut de laquelle les objectifs du développement ne sauraient être atteints. Le développement culturel ne doit pas être considéré comme le complément, le régulateur ou le levier du développement général. Le développement global, intégral, général ne peut être que culturel, la culture embrassant tous les phénomènes de la vie."

" Qui a peur de la culture ? ", ouvrage fondamental, malheureusement inachevé et devenu par la force du destin le testament de Raymond Chasle, devrait être largement diffusé dans les pays du Sud afin de nourrir la réflexion des nouvelles générations et de tous ceux qui refusent de devenir les otages programmés des démocraties virtuelles engendrées par la mondialisation de l'économie à l'aube du XXIème siècle.

La marche se referme sur la radieuse certitude qu'aussi loin nous nous projetions dans l'espace, en nous s'accomplit l'infini.
in Le Rite et l'Extase (Ed. L'Etoile et la Clef, 1975)


Alain Brezault

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