En mars 2012, 8 artistes tunisiens qui ont tous entre 25 et 30 ans décident de se regrouper en collectif et d'organiser eux-mêmes une exposition. Dans une Tunisie en pleine ébullition révolutionnaire et un monde qui n'a jamais été à la fois aussi en mouvement et à l'avenir incertain, le collectif et l'exposition qui prennent le même titre de "Politiques" ont pour but de partager des univers et des travaux, des préoccupations et des recherches qui intéressent les artistes en premier lieu (et non pas qui intéresseraient le marché, les médias ou les commissaires d'exposition).
Résolument tournés à la fois vers leur environnement immédiat fait d'espoirs et de dangers, de petites histoires qui construisent chacune à sa manière ce dont la grande histoire se souviendra sous la formule simpliste de Printemps Arabe, ainsi que vers des mutations et des interrogations plus globales, le collectif décide de monter son exposition dans un haut lieu de la corruption et la censure des arts durant le règne de Ben Ali mais qui est dirigé depuis par la plasticienne Sana Tamzini qui lui insuffle un nouveau souffle : le Centre d'Art Vivant de Tunis.
Montée pratiquement sans budget grâce seulement à la bonne volonté des artistes et de la Directrice du Centre de façon totalement indépendante et autogérée, l'exposition Politiques a lieu en mai 2012 et rencontre un succès publique et critique tel que le collectif décide d'organiser une deuxième session à Tunis en mai 2013 pour donner une régularité annuelle à sa démarche. Entre-temps, un site Internet est créé et des projets de donner l'exposition à voir dans d'autres pays voient le jour. Ainsi, l'exposition sera à Beyrouth à la rentrée 2013.
Mais avant, c'est à la Galerie Talmart dirigée par Marc Monsallier que Politiques posera ces rênes et ce, à partir du 20 mars 2013 (date du 57ème anniversaire de l'Indépendance de la Tunisie). A cette occasion, trois artistes de France, de Palestine et du Sénégal rejoindront le collectif. L'exposition "Politiques Paris" présentera des travaux de la session de mai 2012 à Tunis mais aussi des travaux inédits exécutés spécialement pour l'occasion.
Le politique et l'artistique ont ceci en commun qu'ils imprègnent tous deux la vie de la cité. Mais si le politique régule cette vie, l'artistique au contraire, la libère. Dans une époque politiquement tourmentée, les arts sont précieux parce qu'ils sont les antithèses des idéologies. Ils ne changeront pas le cours de l'histoire, mais par leur existence même, ils donnent une raison d'être à la lutte. Comme les idées, nous avons aussi en partage, de façon plus sous-jacente, les esthétiques. Esthétiques qui essaient tant bien que mal de nous dire, si l'on veut bien prêter l'oreille, qu'au fond, l'espoir n'est pas de sortir vainqueur, mais de faire de la vie de la cité, des libertés.
Ainsi, les recherches et les singularités formelles des oeuvres exposées dans Politiques transcendent le "ici et maintenant", qui est pourtant le point de départ des travaux, vers des propositions esthétiques qui redéfinissent de fait le politique dans la création tunisienne et l'art dans son rapport à la cité. L' "engagement" est redéfini non en l'énoncé d'un discours politisé ou l'édification d'un mythe de la contestation mais en de multiples déconstructions des discours et constructions des formes.
Plus d'info : www.expolitiques.org