Au cours des dernières décennies des amalgames se sont substitués à des concepts plus précis pour désigner des comportements, des appartenances, des faits de société. Une telle substitution s'est opérée surtout dans le domaine du discours médiatico-politique et, entre autres, elle sévit largement dans le champ des représentations des phénomènes liés aux migrations.

Pour prolonger le dossier Migrations : quand les préjugés s'en mêlent, publié dans Migrations Société n° 109 (janvier-février 2007) en collaboration avec la campagne Demain le monde, il nous a semblé intéressant de nous interroger sur la question des amalgames en croisant l'approche historico-sociologique du CIEMI / Migrations Société et celle philosophico-anthropologique de la revue Horslignes

À ce stade de la réflexion, nos interrogations portent sur trois sortes d'amalgames :

* ceux constitués par l'évolution sémantique de concepts pertinents dans leur domaine, car quand l'amalgame s'enrichit de pseudo-définitions "amalgamantes", son extension oscille dans un flou alarmant ; c'est par exemple le cas du terme "banlieue", un concept géographique pertinent, devenu un amalgame médiatico-politique ;

* ceux représentés par des "néologismes", tels que beurs, islamiste, communautarisme... ;

* ceux résultant d'assemblages "abusifs" comme arabo-musulman, minorités visibles, population à risque, quartiers difficiles, issu de l'immigration…

Il nous semble important de cerner les modalités de construction et d'usage des amalgames afin de libérer la langue de ces pièges du sens, du "bon sens" et du "sens commun".

Nous devrons nous interroger sur les limites de l'usage des amalgames pour rendre compte de questions sociales et politiques, chercher à déterminer dans quelle mesure ces amalgames se comportent comme des concepts sans en avoir l'essence rationnelle.

Nous espérons que notre table ronde contribuera à rendre notre esprit plus alerte quant aux conséquences philosophiques et politiques de l'utilisation des amalgames.

Programme
17 h - 17 h 10 : allocution de bienvenue par Vincent Geisser, président du CIEMI
17 h 10 - 18 h : projection d'un film documentaire
18 h - 20 h 00 : table ronde et débat avec
Carole Coupez : professeure d'histoire et de géographie ; déléguée à l'éducation au dévelop-pement et à la solidarité internationale à Solidarité laïque.
Yvan Gastaut : historien ; maître de conférences à l'Université de Nice (Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine) ; membre du Conseil scientifique de la revue Migrations Société.
Marie Labarrière : directrice-adjointe d'une association de prévention spécialisée.
Marie-Geneviève Labarrière : philosophe ; ingénieure de recherche (cnrs / Université Paris 8) responsable de la revue Horslignes.
Ghislaine Loyré de Hauteclocque : anthropologue (cnrs / Institut de recherche sur le Sud-Est asiatique - irsea), responsable de la revue Horslignes.
Patrick Scharnitzky : psychologue social, maître de conférences à l'Université de Picardie-Jules Verne.
Modérateur : Pedro Vianna, rédacteur en chef de la revue Migrations Société.