Les sacs photos sont les ateliers. Ils contiennent, sur le dessus, le morceau de tissu uni bleu ou rouge (parfois les deux), d'environ un mètre carré, qui sert de fond pour les prises d'identités ou les portraits ; juste au-dessous il y a, soigneusement rangés, l'appareil photo et le flash ; puis en dessous ou sur le côté : les envellopes beiges contenant les photos à livrer ou les "invendues" que l'on transporte en espérant retrouver le client égaré ou convaincre l'insolvable. La pellicule est déjà dans l'appareil ; il est rare d'en avoir une autre réserve, pas davantage de piles de rechanges pour le flash. La paires de ciseaux pour couper les négatifs et le gros crayon-feutre qui servira à indiquer au laboratoire les négatifs à tirer, completent l'outillage.
On peut aussi trouver une calculatrice de poche et toujours un carnet et un stylo bille pour le nom et l'adresse des clients, noter les acomptes ; il y a enfin les cartes commerciales portant un pseudonyme evocateur et dynamique ou le nom d'un studio encore fictif. Les appareils photos sont passés sans ostentation au cou des photographes ; ce sont des 24 x 36, presque toujours "reflex" de marques et de modèles anciens et qui me sont familier ; ils sont patinés, cabossés, rastistolé, usés et doivent encore durer. Ils portent les stigmates de la précarité de leur propriétaires. Ces objets sont émouvant ; les photographes ambulants ignorent cela. Ils rêvent simplement d'avoir un bon apprareil photo, "de deuxième main" et de "bien travailler".