Hors la ligne blanche

Réalisée par Jean Paul Lebesson, dans le cadre du festival Les Inattendus
Hors la ligne blanche
Genre : Exposition

Du mardi 15 au samedi 26 janvier 2008

Horaires : 00:00
Pays principal concerné : Rubrique : Musique, Cinéma/tv, Arts plastiques
France

L'installation Hors la ligne blanche est une mise en espace de projections vidéo, de sons et d'objets.
Ceux-ci donnent à voir et à entendre à l'écran et par les objets des fragments de la vie dans un petit village d'Afrique, rendant sensibles les bouleversements en cours à l'orée d'un monde de plus en plus occidentalisé.

Cette installation résulte de plusieurs séjours effectués dans un petit village africain où je me rends depuis une dizaine d'années.
Quatre dispositifs la constituent, présentés dans quatre espaces contigus (stations) destinés à être découverts, sinon dans la continuité, en tout cas dans leur proximité immédiate.
Ces dispositifs sont comme les pièces détachées d'un ensemble qui reste incertain. Non les pièces d'un puzzle, mais plutôt celles d'un objet improbable, à construire dans l'espace et
le temps. La représentation globale de cet ensemble le
spectateur demeure libre de la composer à sa guise, en assemblant comme bon lui semble les différents éléments, selon sa sensibilité et le temps qu'il souhaite y consacrer.

Station 1. La cour
Quatre écrans délimitent les côtés d'un espace carré, d'environ six à huit mètres de côté, au centre duquel les spectateurs peuvent venir prendre place et éventuellement s'asseoir.
Toutes les images des quatre écrans composant ce carré ont été filmées dans la même "cour" d'une concession traditionnelle dans un village de brousse, en Afrique de l'Ouest (la concession est un ensemble d'habitations où résident les membres d'une même famille, délimitant une aire qui n'est pas nécessairement close). Ces images livrent quelques instants de vie glanés dans cette cour, au cours d'une journée ordinaire.
Celles du premier écran présentent une petite fille d'une dizaine d'années dans différents instants de sa vie quotidienne. La petite fille s'appelle Clémentine. Elle vit seule avec sa grand-mère. Ces scènes la montrent au cours d'activités quotidiennes, principalement des tâches liées à la vie domestique.
Le second écran montre un long moment de palabre entre trois hommes. Il y a là deux "chefs de quartier" causant avec un "citadin", lui-même natif du village. Ils discutent en bwamu, le dialecte parlé dans cette région du Burkina Faso, évoquant différentes questions liées à l'électrification prochaine du village et au travail des champs.
Sur le troisième écran, apparaissent différents objets ou parties de la cour, filmés tels qu'on peut les voir à tout moment de la journée et en particulier très tôt le matin lorsque le village s'éveille.
Dans le quatrième écran, une femme âgée est penchée sur son foyer. Dans la faible lumière du feu, elle prépare un repas. Scène scandée par le son de la lourde cuillère qui, à rythme régulier, brasse le contenu de la marmite.
Au bord du dispositif, sont posés 63 ustensiles en matière plastique de fabrication locale, à même le sol. Ils décrivent un cercle d'environ 1,75 mètres de diamètre.

Station 2. Un canari.
Un canari (grande jarre à stocker l'eau) rempli jusqu'au col. Au fond de l'eau, repose un baigneur noir en matière plastique. A l'intérieur, par intermittence une faible lumière perce par les orifices des yeux, et réagit à toute présence au bord de la jarre.
Un goutte à goutte trouble la surface de l'eau et rend la vision de la figurine difficile.
Au pied du canari, un ensemble de 42 petites poteries à fente (tirelires?) de fabrication locale, forme un cercle.

Station 3. Un fût.
A quelques mètres du canari, un fût métallique bleu est empli à demi d'un liquide blanc à la surface duquel se forme une image instable. Un goutte à goutte, là aussi, en perturbe la vision.
Une trentaine de machettes sont suspendues audessus du fût, pointes vers le bas.

Station 4. La frontière.
Trois grands écrans de projection définissent un espace en U, au centre duquel le spectateur peut s'avancer.
Sur les deux écrans latéraux, les habitants de la même cour sont venus "poser", comme pour une photo, femmes, hommes, enfants se succédant à rythme régulier. Certains se sont spécialement vêtus pour l'occasion, d'autres non. Ils nous regardent, simplement.
Sur l'écran du fond, un véhicule circule sur une route où l'on croisent de nombreux camions et autobus surchargés. Elle nous conduit jusqu'à une frontière.
Pour les Inatttendus, septembre 2007.

Notes :
J'ai pris ces images parmi des gens que je connais et que j'aime bien. J'habite chez eux lorsque je viens de temps à autre dans ce petit village d'Afrique de l'Ouest qui se nomme Bagassi.
Souvent je me pose la question : combien de temps encore y viendrai-je ? Plus encore depuis que je sais que le village sera bientôt électrifié.
Cela a-t-il un sens ? Cet ensemble (l'installation) répond-il à des questions ? Ce dispositif est plutôt la résonance en creux d'une absence de questions. Ou de mon incapacité à trouver des réponses à certaines questions.
Questions liées à l'altérité, à l'hospitalité.
Au partage.
Pour chacun de nous un tel dispositif recèle toujours quelque sens caché. Notre nature mentale est comme cela : associative. On pourrait par exemple voir dans la figure que représente au sol l'ensemble du dispositif les éléments d'un véhicule désarticulé. A première vue dans ce cas l'assemblage des différentes pièces ne pourrait guère donner autre chose qu'un véhicule fort de guingois. Bien plus bancal encore que ces camions et ces bus surbondés que l'on croise sur les routes d'Afrique.
Qu'adviendrait-il à un tel véhicule s'il parvenait un jour à rejoindre l'une bretelle d'accès de ces "autoroutes du progrès" auxquelles devrait mener la Mondialisation ? … Ou pourra aussi se demander à quoi renvoie la ligne blanche au sol. À la frontière sous laquelle elle s'inscrit de temps à autre ? Aux batraciens dans le fût ? A la surface de l'écran ? Ou à autre chose encore ? Au fond cette proposition est la seule réponse que je parviens à trouver aujourd'hui encore à des questions où se mêle parfois une colère sourde et confuse.
Les gens de Bagassi m'ont appris beaucoup de choses. Depuis pas mal d'années déjà. Et en particulier qu'en toute circonstance il faudrait pouvoir garder à l'esprit que l'idéologie empêche la pensée.

Renseignements / Lieu


( 2008-01-15 00:00:00 > 2008-01-26 00:00:00 )
3, rue Rachais
Lyon ( 69003 )
France




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