On pourrait craindre qu'Agotem sur-titrée "Pourquoi ne sommes-nous plus francophones?" n'ait les défauts d'une quelconque défense de la langue française, autant militante qu'incertaine. La revue évite cet écueil par son contenu : essais, témoignages littéraires et poèmes. Elle l'affirme aussi dès son texte de présentation : "Le projet d'Agotem n'est certainement pas de passer par profits et pertes cette chose devenue étrange, parce qu'incertaine, qu'est aujourd'hui la francophonie. (...) c'est que le concept même est à redéfinir à la lumière d'un monde nouveau : celui de l'après-colonialisme, au sens rationaliste du terme, et la mise en danger éventuelle de la langue française, non tant par l'avancée prétendument menaçante d'un pidgin anglo-américain mercantile, que par ceux qui ont reçu cette langue en héritage." Dirigée par François Boddaert, Émile Moselly Batamack, Gaston-Paul Effa, Isabelle Lebrat et Nimrod, Agotem convainc en étant une heureuse illustration de la langue française par une communauté d'écrivains : les personnes pré-citées, et, entre autres, Petr Král, Salah Stétié, Monchoachi, Margarita Guarderas Gandara, Tahar Bekri...
(Le matricule des Anges, revue mensuelle de littérature contemporaine)