EL HADJI MANSOUR CISS (KANAKASSY)
SÉNÉGAL
Né à Dakar / Sénégal , El Hadji Mansour Kanakassy CISS reçut sa formation à l’Institut National des Arts du Sénégal, de 1973 à 1977. Il exerça le métier d’artiste sculpteur d’abord à la Médina, son quartier natal, puis au village des Arts du Sénégal. Kanakassy a travaillé également avec d’autres collègues à l’île de Ngor.
De 1989 à 1993 il s’installa au Mali dont divers cultures l’inspira (Bambara, Bobo et Dogon). Il découvra le Bogolan et tout l’Art du textile malien.
Il a pris part à plusieurs salons des Artistes Sénégalais, à Dakar, avant d’aller s’installer à Berlin (Allemagne) en 1993, où il s’est marié et père de deux enfants.
Kanakassy a effectué de multiples voyages en Afrique, aux Etats-Unis et en Europe où il participa à de nombreux symposiums et rencontres internationales.
À Berlin, Kanakassy travaille depuis 1994 avec le groupe d’artiste international „Rundeck“ basé à Berlin avec leitmotiv au delà des frontières, d’où le premier symposium international de la sculpture au Sénégal.
En ce moment, il poursuit ses recherches à Berlin dans le design de la mode, expérimente la vidéo, les arts numériques, la sculpture,les installations et la photographie.
Texte extrait de l’exposition « La teranga – Gastfreundschaft à Buchen, avril 2005
Mansour Ciss Kanakassy a été formé à l’Institut National des arts plastiques du Sénégal à l’échelon de contremaître. A cette époque le Sénégal était dirigé par le Président Léopold Sedar Senghor, l’intellectuel, le poète et grand promoteur de l’art africain.
Kanakassy s’est perfectionné dans la tradition religieuse et magique de l’art représenté par les sculpteurs de ce temps-là, que nous avons exposées ici, il y a deux ans.
L’art de Kanakassy est politique. Il a subi une seconde initiation depuis qu’il vit en Allemagne. Il vit en Europe et en Afrique, donc dans deux mondes différents et dans beaucoup de ses projets son but est de transmettre le savoir et la compréhension de chacune des ces deux cultures. Lui-même dit qu’il a quelque chose qui n’existe pas: deux pays, Berlin et Dakar. La plus grande exposition de l’art africain, la Biennale Dak’Art a lieu, comme son nom le dit, tous les deux an à Dakar au Sénégal.
En l’an 2004 Kanakassy a présenté à cette exposition des images grand format de l’Allemagne, montrant des mendiants et des démunis afin de prouver qu’il y a aussi la pauvreté et la misère chez nous. Il voulait corriger avec ses images la croyance africaine faisant de l’Allemagne un paradis et contrecarrer ainsi les fausses pensées et préjugés, qui conduisent à l’immigration illégale et suicidaire vers l’Europe.
Kanakassy montre à nous Européens aussi une image non maquillée de l’Afrique par son coté négatif. Dans cet élan il rappelle sans cesse aux Européens leur responsabilité sur les problèmes de l’Afrique d’aujourd’hui.
Pendant la conférence de Berlin en 1884-85, les anciennes puissances coloniales avaient assuré leurs zones d’influence en Afrique et sans tenir compte des réalités ethniques et géographiques, avaient tiré les frontières qui existent aujourd’hui.
Beaucoup de conflit interafricains ont pour source ces frontières artificielles. Mansour appelle son projet « Déberlinisation » pour exprimer son soutient à l’Unité Africaine, faisant ainsi allusion à cette conférence de 1884-85.
Par analogie à l’Euro, il a projeté une monnaie comme objet d’art, « l’Afro ». Si cette monnaie panafricaine pourrait réellement exister, une zone commune économique africaine aura vu le jour.
La force économique de l’Afrique avec ses matières premières comme l’or, les diamants, les métaux, les bois, le pétrole serait face à l’Europe et l’Amérique revalorisée.
Cette puissance économique n’est naturellement pas souhaité, car elle diminuerait le profit des multinationales. La monnaie commune, l’Afro, reste ainsi un rêve qui hante toujours l’artiste.
Dr. Klaus Hanfeldt
Traducteur: Marcellin Ngawand