Put Your Soul on Your Hand and Walk est un documentaire réalisé par Sepideh Farsi, présenté à l'ACID au Festival de Cannes 2025, qui plonge le spectateur au cœur du quotidien tragique de Gaza à travers le regard de Fatem (Fatima) Hassouna, une jeune photo-reporter palestinienne de 24 ans.
Le film naît de la rencontre virtuelle entre la réalisatrice iranienne, exilée à Paris, et Fatem Hassouna, qui documente la guerre à Gaza. Pendant plus de 200 jours, les deux femmes échangent quotidiennement via téléphone, créant une ligne de vie fragile entre deux mondes : celui de la guerre et de l'enfermement à Gaza, et celui d'une Europe à distance, impuissante face à l'horreur. Ces échanges, faits de fragments de vie, de rires, de larmes, de bruits de bombes, mais aussi de moments d'ordinaire (comme l'apparition d'un chat ou d'un membre de la famille), composent la matière brute du film.
Le documentaire alterne les témoignages poignants de Fatem, qui relate son quotidien de survie, son engagement auprès des enfants déplacés, et ses ateliers d'écriture, avec les réflexions de la réalisatrice sur la distance, l'impuissance et la solidarité féminine. Au fil des jours, une amitié sincère et une profonde compassion naissent entre elles, malgré la violence et l'incertitude qui rythment la vie à Gaza.
La tragédie frappe lorsque Fatem Hassouna est tuée le 16 avril 2025 lors d'un bombardement ciblé israélien, alors que le film est annoncé de la sélection du film à Cannes. Sa mort donne au documentaire une portée testamentaire et universelle : il devient non seulement le témoignage d'une existence fauchée, mais aussi celui de tout un peuple pris au piège de la guerre.
À travers une esthétique volontairement brute, filmée au téléphone portable, Sepideh Farsi propose une immersion bouleversante dans la vie d'une génération sacrifiée, tout en rendant hommage à la résilience, à la dignité et à l'espoir qui subsistent malgré tout.
"J'ai l'espoir de vivre la vie que je veux. Je dois continuer à documenter, afin de pouvoir dire à mes enfants ce que j'ai vécu et ce à quoi j'ai survécu." - Fatem Hassouna
Le film se présente ainsi comme un acte de mémoire et de résistance, une preuve concrète de l'horreur banalisée d'un génocide, mais aussi un vibrant appel à la paix et à la liberté.